Après Calais: respiration

Pendant deux ans, l’auteure a intégré un groupe de bénévoles pour enseigner le français à des réfugiés originaires d’Afrique, évacués de la jungle de Calais pour intégrer un centre d’accueil dans le Sud Ouest.

 

“Ils traversent. Ils viennent vers nous. Ils sont douze. Tous évacués de la jungle de Calais.” Aucun bagage, pas de papiers, à peine quelques lambeaux d’identité roulés dans un sac à dos avec ce qu’il reste d’eux. La répartition est faite. Les dés sont jetés. Les autocars de Calais ont été envoyés dans nos campagnes. L’un d’eux arrive à l’aube dans un petit bourg du Sud-Ouest, au pied des Pyrénées, non loin de l’Océan. Mairie, Centre d’accueil des migrants et bénévoles se rallient pour “sortir douze vies hors de l’eau et leur apprendre à nager sur terre”. Ne plus fuir. S’installer dans la reconnaissance des autres. Se faire entendre par les dépositaires de l’autre langue, l’apprendre, prendre son sort en mains, oublier les fantômes du passé. Le chemin est long et la démarche des bénévoles est un travail d’équilibriste sans filet. De A à Z, il faut intégrer les mots et les usages, avec peut-être la lumière au bout du tunnel, la carte du tarot nommée permis de séjour. Pendant deux ans, l’auteure a intégré un groupe de bénévoles pour enseigner le français à des réfugiés originaires d’Afrique, évacués de la jungle de Calais pour intégrer un centre d’accueil dans le Sud Ouest. Elle a suivi douze migrants dans leur parcours pour intégrer la langue et les usages français, tenant un journal de cette expérience.