Multiculturalité bruxelloise : y a t-il un prisme flamand ?

Les lundis cosmopolites #4

Les élections régionales bruxelloises à venir vont renouveler les deux instances communautaires, francophone et néerlandophone, qui se partagent certaines compétences selon une ligne de démarcation linguistique. En particulier : la multiculturalité bruxelloise se retrouve rabattue vers le clivage historique belgo-belge, alors qu’elle le déborde très largement et que la majorité des Bruxellois n’ont plus rien à voir avec lui.

 

Mais le fait est là : jusqu’à nouvel ordre, ce sont les institutions communautaires des deux tribus belges qui prennent en charge notre diversité culturelle. Si le monde politique francophone bruxellois se perçoit comme naturellement majoritaire, il ne peut ignorer cet acteur majeur qu’est à Bruxelles la Communauté flamande, d’autant plus que celle-ci dispose pour ses actions de moyens financiers proportionnellement importants.

 

Comment ceux-ci sont-ils mis en œuvre dans une ville où le néerlandais semble inexorablement en régression, même s’il reste nettement majoritaire dans une Belgique dont Bruxelles est la capitale, une ville dont le français est toujours la Lingua Franca, langue commune partagée par l’immense majorité des Bruxellois, où l’anglais devient de fait la seconde langue vernaculaire et où persistent de multiples langues d’origine largement pratiquées au sein des familles ? Comment des institutions officiellement flamandes tiennent-elles compte du fait que leur public est majoritairement francophone ? Comment la multiculture bruxelloise peut-elle se couler dans le bilinguisme officiel ?

 

Expert : Eric Corijn, sociologue et philosophe de la culture, qui, depuis des années, réfléchit à la centralité des villes dans la refondation démocratique de nos sociétés.

 

Le Plateau 1 sera composé de représentant·es d’associations et institutions flamandes avec Loredana Marchi (Foyer), Thomas Peeters (Orbit) et Kathleen Van Den Daele (LeVL).

 

Le Plateau 2 sera composé de personnalités politiques bruxelloises flamandes avec Fouad Ahidar (député bruxellois indépendant; ex-Vooruit et ancien président de la Vlaamse Gemeenschap Commissie, Nadia Naji (coprésidente de Groen) et Guy Vanhengel (Open VLD, vice-président du Parlement bruxellois).

Les lundis cosmopolites

Forums politiques autour de la multiculturalité bruxelloise.

 

Pourquoi ?

Selon une étude qui a beaucoup circulé (OIM, 2015), Bruxelles est la ville d’Europe la plus diverse selon l’origine de ses habitant·es, loin devant Londres, Amsterdam, Paris, Rotterdam, Madrid et Milan qui la suivent dans ce classement. À Bruxelles, en 2021, seuls 22,5% des Bruxellois avaient deux parents belges à la naissance, alors que ce chiffre frôle les 60% en Wallonie et dépasse les 70% en Flandre. Dans la capitale, la présence massive d’une population aux origines multiples se traduit notamment dans la densité de son tissu associatif communautaire et dans la diversité de son personnel politique. Mais nulle part cette multiculturalité de fait n’est véritablement prise en compte comme un prisme de lecture indispensable à une bonne compréhension des phénomènes urbains et des politiques publiques. Malgré des proclamations sympathiques, Bruxelles reste marquée par des discriminations persistantes et par un déni de sa propre diversité ethnoculturelle constitutive.

 

Les lundis cosmopolites s’inscrivent dans la perspective des élections à venir en 2024 : principalement les régionales (9 juin) et les communales (13 octobre). Pendant un an, à raison d’une session par mois, il s’agira de donner la parole à la diversité ethnoculturelle bruxelloise à propos des questions politiques et sociétales qui la concernent plus particulièrement. Et, par la même occasion, de faire la promotion de cette diversité et de mieux l’inscrire dans l’identité bruxelloise, au-delà des clichés et des stéréotypes.


Comment ?

Les lundis cosmopolites seront animés par Maryam Benayad (journaliste) et Henri Goldman (politiste). La synthèse au vol sera opérée par Edgar Szoc, président de la Ligue des droits humains. Les invité·es seront prioritairement (mais pas exclusivement) issu·es de la population la plus concernée et appartiendront aux mondes associatif, artistique, universitaire et politique. Le pluralisme sera de rigueur.

 

Prochaines dates

 

4 mars 2024 | Féministes et musulmanes. Les affaires de foulard

1er avril 2024 | Belgique-Maroc, Belgique-Turquie : double allégeance ?

29 avril 2024 | Les femmes dans les minorités

3 juin 2024 | La place des minorités sur les listes électorales

1er juillet 2024 | Debriefing des élections régionales, avec des élu·es

2 septembre 2024 | L’héritage colonial et la décolonisation de l’espace public

7 octobre 2024 | Autour des enjeux des élections. Focus sur quelques communes.

4 novembre 2024 | Débriefing des élections communales, avec des élu·es

2 décembre 2024 | Fête de clôture