Les Africains
Zouglou | Attouh
Carte blanche à Hippolyte Bohouo
Acteur, danseur et chorégraphe, Hippolyte Bohouo propose une soirée qu’il a lui-même imaginée, composée de deux pièces marquantes de sa carrière : Zouglou et Attouh.
Né en Côte d’Ivoire, Hippolyte Bohouo commence à danser et à jouer très jeune. Après avoir dansé aux côtés de Kamel Ouali lors de l’ouverture du PANAF 2009 (le Festival panafricain d’Alger), il s’installe en Belgique en 2010, où il crée des œuvres inspirées de ses propres expériences. En 2012, il monte C’est juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce au Théâtre Ouvert de Bruxelles. En septembre 2018, il danse dans La Flûte enchantée, mise en scène par Romeo Castellucci et chorégraphiée par Cindy Van Acker, à La Monnaie à Bruxelles et à l’Opéra de Lille.
Zouglou
Avez-vous une lutte, une révolte au quotidien? Personnelle et/ou collective? Quelle est-elle? Zouglou est une pièce qui questionne la nécessité et la légitimité de la révolte, de la lutte.
En baoulé, langue parlée au centre de la Côté d’Ivoire, “zouglou” signifie “saleté, pourriture, tas d’ordure”, à l’image de la promiscuité et de la misère dans lesquelles vivent les étudiants ivoiriens dans les campus vers la fin des années 80. En Bété, une autre langue aussi parlée dans l’ouest du pays “zou glou” signifie “sortir de terre”. La pourriture se retrouve ainsi transformée en engrais. Les étudiants, le peuple, considérés par le pouvoir politique comme la pourriture, sont à la fois l’engrais, le terreau, et la plante de la société. Zouglou est une invitation à continuer la lutte pour une justice sociale, une invitation pour chacun à assumer sa propre révolte.
Le zouglou est un rythme et une danse nés en Côte d’Ivoire dans les années 90 pour servir de relais artistique dans la lutte que menait la jeunesse à cette époque. Cette pièce se nourrit de l’histoire et de la gestuelle du zouglou, mais aussi de l’histoire de différentes révolutions dans le monde (révolution française, la révolution sociale espagnole de 1936, la revolution des oeillets au Portugal, mai 68, le mouvement des indignés…). Zouglou se veut une contribution aux luttes menées, au quotidien, par chacun d’entre nous.
Attouh
Dans la suite de Zouglou, spectacle autour des révoltes sociales et des luttes collectives, Hippolyte aborde dans Attouh, une révolte plus intime, celle du corps pris entre don et perte de soi. Attouh aborde l’urgence d’ une reconnexion humaine face au dictat de l’individualisme.
Des corps traversent une expérience sensible et complexe, inlassables et engagés dans une quête effrénée de quelque chose. Ils courent dans tous les sens, ouvrent les bras, se rencontrent (rencontres courtes et furtives), se frottent, se heurtent les uns aux autres, … Ces corps ont connu le trop plein du rien (du vide) et le trop plein du trop aussi. Sur-sollicitation, surinvestissement, grande solitude, course, course, course, sur-engagement, implosion, tensions non-stop. Des corps en crise face à un système automatisant. Dans une société moderne qui magnifie l’individualisme, et où la course vers le profit et les injonctions à la productivité mènent à des fléaux comme le burnout, l’urgence d’un Attouh s’imposent.
Dans le cadre du festival Congolisation.