#327 - septembre 2015

Sans papiers, mais pas sans idées

Au 8 septembre, près de 20 000 demandeurs d’asile, Syriens, Afghans, Irakiens, Érythréens et d’autres ont frappé à l’Office des étrangers à Bruxelles. Entassés dans le parc Maximilien, ils attendent d’être enregistrés comme demandeurs d’asile. Impossible de passer à côté d’une actualité qui échauffe les esprits, anime les débats, mobilise des citoyens. Pas sans conséquences… à force d’en parler, parfois à tort et à travers, on fait des amalgames. L’affaire est à prendre avec des pincettes, or certains médias les prennent à la louche, nourrissant les confusions auprès du public. Pourtant, un migrant n’est pas nécessairement un réfugié, qui lui-même n’est pas un sans papiers, et le sans papiers n’est pas un réfugié. Sans compter que le sans papiers possède souvent des papiers… mais pas les bons! 

 

Il y a ceux qui veulent les voir tous déguerpir et ceux qui s’organisent dans un mouvement de solidarité. Des sans papiers ont été les premiers à se retrousser les manches pour aider les demandeurs d’asile. Car leur lien est évident: certains réfugiés d’aujourd’hui risquent de devenir les sans papiers de demain. 

 

Les personnes que nous avons rencontrées sortent du lot, ce sont des phénomènes. Ces sans papiers ont dépassé la peur qui emprisonne nombre d’entre eux. Ils sont les locomotives qui tirent les wagons… Souvent considérés comme des citoyens de seconde zone, ils se disent citoyen tout court et s’investissent à fond dans la société belge. Puisqu’on ne leur fait pas de place, ils la trouvent eux-mêmes et l’occupent. Certains sont militants dans les syndicats, d’autres engagés écologiquement. Ils ne manquent pas d’imagination ni de ressources pour élaborer des projets, comme des tables d’hôtes. Avec un brin d’autodérision… au cas où la photo de couverture vous aurait échappée!

 

Ani Paitjan

SOMMAIRE

Sans papiers mais pas sans idées

Ani Paitjan

Le droit des sans-papiers. Cohérences et incohérences

Isabelle Doyen

Rappelons sans relâche les droits garantis aux personnes en situation de séjour irrégulier, afin d’encourager l’application effective de ces droits, et certainement de revendiquer leur extension.

 

La fabrique des clandestins

Germano Garatto

Braquer les projecteurs sur l’immigration aide à éloigner le regard de la crise systémique dans laquelle nous nous trouvons.

 

Les identités diasporiques

Didier Van der Meeren

Par son instabilité intrinsèque, le concept de migrance nous invite à questionner ce qu’est l’identité du migrant (ou du non migrant d’ailleurs). Par quoi est-elle définie? Et puis, pourquoi la définir?

 

Une occupation. Mais quel rapport de force ?

Nathalie Caprioli

Sclessin. Avec Ousmane, nous sautons dans le bus 2 qui nous dépose rue Solvay. C’est là que vivent presque 50 personnes sans papiers depuis le 6 juin. On appelle ça une occupation.

 

Migrantes battantes

Ani Paitjan

De la naissance des enfants à l’insertion socioprofessionnelle, Alternatives et GAFFI se sont fixé pour mission d’aider des migrantes, sans papiers ou non, à trouver leur voie en Belgique.

 

Energies fédérées

Nathalie Caprioli

Certains sans papiers sont engagés, parfois depuis plus de dix ans, dans des collectifs, mais aussi dans projets qui dépassent leur revendication immédiate de décrocher un permis de séjour.

 

Le parti-pris du théâtre

S’engager en se dégageant de l’utopie de la fidélité aux faits. C’est ce que peuvent accomplir théâtre et danse à partir d’histoires vécues de migrants.

Les « indésirables » désirés

Entretien avec Mourad Boucif

“Les hommes d’argile” nous plonge dans la Seconde Guerre mondiale, mais vue à travers les yeux de ceux que les armées alliées ont forcé à combattre: les soldats issus des colonies.

Thérèse Mangot: l’interculturel avec bonheur

Bruno Vinikas

Femme de gauche, femme de combat, femme de culture, femme libre.

Bruxelles au maximum

Bam TV a réalisé une web série en trois épisodes qui déclinent la diversité culturelle sous un mode résolument positif.

Tous à la Bibliothèque vivante !

Des hommes et des femmes racontent un fragment de leur vécu à partir d’un préjugé qu’ils ont ressenti sur eux-mêmes dans leur quotidien. Ce sont des livres vivants.