#344 - decembre 2018

Tout le monde à table!

Nourriture qui rassemble, nourriture qui sépare

Depuis la nuit des temps, l’homo abilis se rassemble autour d’un feu. Pour se réchauffer et tenir à distance les fauves carnassiers. Mais avant toute chose, en vue de procéder à la cuisson des viandes et des céréales, la famille ou le clan proche se retrouve autour du foyer et partage un repas. A certaines occasions, le cercle s’élargit à un autre clan, voire à des clans voisins susceptibles d’être hostiles. Le repas partagé est donc une manifestation à la fois symbolique et tangible de l’acceptation de l’autre. Ainsi que le gage d’une paix que chacun espérera durable.

 

Aujourd’hui encore, hospitalité et partage d’un repas – ou d’une simple boisson – président aux bons usages de la toute grande majorité des communautés humaines. Pas de convention ou de contrat qui ne soit négocié ou célébré par un repas ou un drink ! Le partage alimentaire reste donc le signe manifeste – voire la condition nécessaire – de tout échange et partage entre humains, soit qu’il s’agisse d’une volonté intrinsèque de chaleur humaine, soit qu’il s’agisse d’intérêts bien compris. C’est d’ailleurs certainement cette préoccupation double – et à vrai dire difficilement dissociable – ce qui en fait tout l’intérêt en termes de cohésion sociale et de vivre ensemble.

 

Mais les sociétés humaines ont également développé des modes alimentaires distinctifs visant à différencier leurs appartenances en prescrivant à leurs membres des normes spécifiques. Ceci non seulement en fonction des aliments qui se seront révélés être disponibles localement, mais également en vue de préserver en soi un facteur identitaire collectif estimé comme indispensable.

 

Le manger ensemble en tant que volonté collective qui, tout à la fois, rassemble et sépare reste donc une manifestation paradoxale au même titre que nombre d’autres activités humaines.

SOMMAIRE

Nourriture qui rassemble, nourriture qui sépare

François Braem

Tabous alimentaires et identités

Xavière Remacle

 

Une question de dignité

Entretien avec Thomas Gergely

 

L’invention de la cuisine casher créole

Anny Bloch

 

Un homme-Dieu, Agneau du sacrifice

François Braem

 

Le Coran : une voie de sortie de l’hypertrophie du halal ?

Michaël Privot

 

Cantines scolaires : l’option de la transparence

François Braem

 

Ça ne va pas de soi

Nathalie Caprioli

 

Fédérateurs ou communautarisants ?

Sarah De Grootte

« On est gentils »

Nathalie Caprioli

Les métiers du social en expo

La rédaction

Appel à témoignages et à prêt d’objets

La rédaction

Cathy Harris