Quand l’exil devient linceul
Dialogue interculturel
Au-delà de l’exil
Au-delà l’exil est le fruit d’une collaboration entre Gaspard Njock, artiste multidisciplinaire, et Félicien de Heusch, socio-anthropologue à la Faculté des Sciences Sociales de l’ULiège. En 2024, Félicien a présenté une thèse sur le thème de la mort en migration, en se concentrant particulièrement sur le rapatriement des corps des migrants sénégalais décédés vers leur pays d’origine.
En suivant les histoires de ses personnages, le livre offre au grand public un autre regard, plus intime et poétique sur ces questions, au-delà des récits médiatiques souvent sensationnels.
Gaspard Njock est artiste multidisciplinaire né en 1985 à Douala, au Cameroun. Il crée, produit et diffuse des spectacles qui mêlent musique et arts plastiques, en particulier l’opéra et la bande dessinée. Il enseigne le dessin et la correspondance entre les formes artistiques à l’Ecole de Design publique de CY de Cergy et le modèle vivant à l’école supérieure de Design, d’arts et de communication (Esdac-Paris) et l’histoire de l’art au Musée des Arts décoratifs de Paris (Ateliers du Carrousel). Il effectue un doctorat en musique et musicologie sur les liens entre le visuel et le sonore à la Sorbonne Université.
Félicien de Heusch est socio-anthropologue. Il est né en 1992 à Bruxelles, en Belgique. Depuis son adolescence, il se passionne pour le cinéma, la musique, l’ethnicité et les migrations. Il mène des recherches sur les migrations internationales en Europe, en Afrique et en Amérique, s’intéressant aux questions de protection sociale, de vente ambulante et de mobilisations politiques. Il a obtenu son doctorat en Sciences Politiques et Sociales à l’Université de Liège.
Extrait de la préface
Vous les avez certainement déjà croisés dans les rues de Bruxelles, Paris, Rome, Naples, Madrid ou Barcelone, dans toutes les grandes villes d’Europe. Mais connaissez-vous leurs noms ? Avez-vous rencontré leurs familles ? Savez-vous de quel pays, de quelle ville, de quel village ils viennent ? Qui ont-ils laissé derrière eux ? Qui espèrent-ils retrouver ? Quelle est leur situation ? Combien de frontières ont-ils traversées ? Savez-vous s’ils souhaitent retourner là-bas, rester ici ou aller ailleurs ? Savez-vous si, après leur décès, ils souhaitent être inhumés là-bas ou ici ? Qui prendra soin de leurs dépouilles ? Dans les pages que vous êtes en train d’ouvrir, vous allez rencontrer Félix, Beauregard, Aliou, et Joseph aussi. Ils vont vous prendre par la main, accrocher votre oreille, attirer votre regard. Quelques noms parmi tant d’autres qu’il vous sera peut-être donné d’entendre ou de prononcer. Ils vont vous emmener dans le quartier Matongé à Bruxelles, à la Goutte d’Or ou Porte de la Chapelle à Paris. Ils vous parleront de Touba, du Sénégal. Ils vous emmèneront à Douala, Bafang, ou encore à Komako, au Cameroun. Tout est rencontre — le mot ne pouvant être utilisé qu’au pluriel, tout est rencontres.
Judith Misrahi-Barak et Thomas Lacroix.