#366 - mars/avril 2023

Selfies associatifs

Tensions et interpellations en temps de crises

Avec quelques chiffres tirés du Baromètre des associations 20221, on peut évaluer le volume du secteur associatif en Belgique : plus de 140.000 asbl sont aujourd’hui actives et emploient quelque 538.000 salariés soutenus par 1,1 million de bénévoles. 74 % de ces associations reçoivent des subventions publiques. En 2022, 40 % d’entre elles ont vu leur situation financière se dégrader.

 

Comment évaluer ensuite le poids du non-marchand, c’est-à-dire l’impact de ses actions dans des secteurs aussi variés que la cohésion sociale, les soins de santé, la solidarité, l’accès à la culture ? Sans idéaliser le monde associatif, nous pouvons dire que la démocratie a besoin de lui, comme contre-pouvoir, comme lieu où se vit la citoyenneté et des alternatives au modèle marchand, ou même comme sous-traitant de l’Etat. L’associatif, pour qu’existent les solidarités ! Car tout n’est pas achetable ni vendable, ni évaluable en termes de retour sur investissement, d’autant que nos actions prennent du temps, que leurs résultats sont parfois incertains, et que nos valeurs ressortent mal dans les tableaux Excel. Tout ce que déteste le modèle marchand.

 

Dans ces pages, nous avons choisi de ne donner la parole qu’à des actrices et acteurs du non-marchand.
Dit autrement, nous n’avons pas (encore) donné la parole aux administrations ni aux politiques. Mais c’est prévu : nous comptons les inviter à une table ronde pour réorganiser nos rapports, continuer à nourrir le débat, et les interpeller sur le tournant en cours : la loi de 1921 instituant le statut d’asbl disparaîtra en 2024, déjà remplacée par le Code des Sociétés et des Associations, basé sur la logique de marché. Malaise et vigilance. Les asbl ne sont pas des entreprises comme les autres.

[1] Baromètre des associations 2022, Fondation Roi Baudouin. Disponible sur www.kbs-frb.be

SOMMAIRE

Selfies associatifs. Tensions et interpellations en temps de crises

Pascal Peerboom

L’Etat coûte-t-il trop cher à l’associatif ?

Paul Hermant

Les politiques d’austérité ont abouti à la dégradation des services publics et, partant, à celle de l’ensemble du secteur non marchand. Il faut le reconnaître, c’est assez réussi.

 

Les rapports d’activité ne disent pas la vie ! 

Entretien avec Geoffroy Carly

Plaidoyer pour des espaces de dialogue entre administrations et asbl pour débattre de cette question : comment avons-nous conscience ensemble des politiques publiques auxquelles nous participons ?

 

Qui dit alliés, dit adversaires

Entretien avec Jacques Moriau

L’associatif est rarement dans un discours offensif, compte-tenu de la violence des réalités sociales que ses travailleurs se coltinent. Comment renforcer l’unité du secteur ?

 

Vigilance à tous les étages

Farah Ismaïli

L’autonomie associative est menacée. La FESEFA a coordonné un ouvrage collectif sur ce thème pour tirer la sonnette d’alarme et proposer de nouvelles voies pour “faire association”.

 

Exclusions bancaires : c’est les asbl qu’on assassine !

Nathalie Mathieu

Sans bruit, des exclusions bancaires frappent le monde associatif depuis trois ans.

 

Quand les institutions tardent à répondre

Le CAL dans les vallées inondées – Catherine Maréchal

Le Casi-UO au temps du confinement – Maria Teresa Moretti

Cohésion sociale, secteur essentiel Rapport du CRAcs 2021

Leur flexibité et l’ancrage au terrain permettent à des nombreuses asbl de répondre aux urgences. Exemples vécus lors de la crise socio sanitaire et lors des inondations l’été 2021.

 

Ma petite entreprise ou notre grande association

Mathieu Bietlot

Si nous observons les champs sémantiques des verbes “associer” et “entreprendre”, nous découvrons à la fois des registres distincts et des airs de ressemblance.

 

En France : documenter la répression associative pour y faire face

Julien Talpin

L’Observatoire des libertés associatives existe en France depuis 2020. Il est né dans un contexte d’escalade répressive.

La série à voir : Le retour de Juan Jiménez

Ana Isabel Fernández Asperilla

1966, le journaliste Paul Meyer avait consacré une série télévisée sur les Esapgnols immigrés en Belgique. Cette série est à voir sur Auvio.

Né.e quelque part

Dessin : Barrack Rima. Texte : Nathalie Caprioli

A EYAD, assocation d’éducation permanente, un groupe s’est lancé dans le projet “Né.e quelque part”. Point de départ : réfléchir sur leur chemin parcouru et ce qu’ils ont envie de transmettre.

Entre-deux
Texte : Anna Ayanoglou. Photo : Massimo Bortolini