L’AETCIS et la thérapie communautaire

Cette vidéo coproduite par le CBAI et l’Association Européenne de Thérapie Communautaire Intégrative et Systémique en Belgique (AETCIS), propose une piste de réflexion sur les rondes, un véritable outil de cohésion sociale, issu des favelas du Brésil dans les années 70.

 

La Thérapie Communautaire Intégrative et Systémique (TCIS) est née de la rencontre entre des pratiques populaires et un savoir scientifique. En 1987, l’ethnopsychiatre Adalberto Barreto était appelé en tant que médecin par la population de 4 Varas (4 battons), au nord-est du Brésil. La majorité des habitants de cette favela de plus de 200.000 habitants était des migrants qui avaient fui la sècheresse, la faim, la misère. Ces personnes, ne sachant souvent ni lire ni écrire, arrivaient déboussolées, déracinées, isolées, perdues dans une grande ville dont elles ne connaissaient pas les codes.

Sur place, le professeur Barreto découvre la souffrance de cette population vivant depuis longtemps dans un contexte d’insécurité, de violence, abandonnée par les pouvoirs publics. Une souffrance que les médicaments ne pouvaient soigner. Il constate aussi que les habitants parviennent à surmonter leurs problèmes et à prendre soin d’eux-mêmes en puisant dans la diversité des pratiques culturelles et des expériences de vie. Il comprend dès lors que son rôle sera de valoriser ces ressources et, pour cela, d’offrir un espace de liberté où la souffrance pouvait être recueillie, où les personnes pouvaient en parler, se recharger et surtout échanger leurs ressources pour fournir des outils accessibles au plus grand nombre.

 

La TCIS est née dans ce contexte. Les patients venaient régulièrement s’asseoir, échanger sur leurs inquiétudes, leurs tracas, les soucis qu’ils vivaient dans le quotidien. Les participants du groupe pouvaient ensuite partager leurs expériences, raconter comment ils avaient fait pour résoudre un problème ou quelles stratégies ils avaient mis en œuvre face à des situations similaires. Une situation-problème était choisie par la majorité du groupe et devenait le thème de réflexion de la séance (de la ronde). Ensuite, un temps de partage permettait au groupe de trouver collectivement les pistes à suivre et les solutions.

 

Ce mode de communication a pour effet de produire des liens positifs, basés sur l’empathie et l’écoute active. Une autre manière de se parler, de voir l’autre va se développer et des rituels vont renforcer la cohésion du groupe. C’est un changement de regard réciproque qui se révèle progressivement jusqu’à que l’autre cesse d’être l’étranger, le méchant, l’égoïste, pour devenir quelqu’un comme moi qui souffre, qui a des qualités, qui a des défauts; bref, quelqu’un avec lequel je me retrouve à présent dans l’humanité que nous avons en commun.

 

La TCIS crée donc espace collectif, une ambiance propice pour que le groupe devienne à la fois soutien et partie prenante d’un problème, mais aussi de sa solution. Des règles très simples sont mises en place pour garantir la qualité des échanges : pas des jugements, ni de grands discours, pas de conseils. Chaque personne ne parle que de soi, s’exprimant avec des poèmes, des chansons, des proverbes… un pas de danse. Si elle le veut bien. C’est un espace ouvert, public, donc pas de grands secrets, chacun choisi ce qu’il veut y partager.

 

La TCIS, présente aujourd’hui dans 25 pays, est un outil de cohésion social, une pratique communautaire qui mène à une autre manière de voir le monde, l’autre, et d’exister dans la relation avec l’autre.