Méfiance ou résistance
Un choix sur le fil

Le CBAI s’associe à l’initiative de Maskara Company d’ouvrir un espace de réflexion autour de la notion de choix face à la peur de « l’autre ». Cet espace prend la forme d’un site internet à vocation pédagogique construit autour de 6 témoignages filmés portant sur des événements historiques, de 1915 à aujourd’hui. Certains des témoins ont subi des violences, d’autres ont été aidés ou ont résisté. Chaque témoignage bénéficie d’une mise en contexte géographique et historique, d’une bibliographie ainsi que des outils de réflexion et d’approche.

 

Partout dans le monde, à chaque période, à chaque moment, certaines personnes ont laissé se dérouler des actions inhumaines par méfiance ou par peur. Elles sont restées indifférentes au mal qui était en train de se dérouler sous leurs yeux ou ont détourné le regard sur le sort des victimes. Et simultanément, d’autres ont choisi de résister, de manière isolée ou collective, face aux discriminations, aux persécutions et aux actes de violence. Ils ou elles ont choisi d’aider leurs prochains sans se soucier de leur appartenance ethnique, sexuelle, culturelle ou religieuse.

 

Les témoignages proposés sur le site mettent en exergue la répétition incessante des violences au cours de ce dernier siècle, l’utilisation systématique d’une propagande au service du fanatisme, mais heureusement aussi les sursauts d’humanité envers les personnes en danger. Au-delà des atrocités des l’Histoire, ces témoignages portent des messages d’ouverture et de paix. Ils nous parlent aussi de culture et d’identité. Qui sommes-nous? D’où venons-nous? Comment concilier plusieurs identités? Comment tirer le meilleur parti de chacune d’entre elles sans en rejeter l’une d’elles? Que choisir lorsqu’on ballotté est entre plusieurs cultures? Faut-il choisir? Comment transmettre la beauté de la culture sans la nourrir exclusivement des traumatismes du passé?

 

La bande-son originale des vidéos est portée par les créations musicales du multi-instrumentiste belgo-guyanais Daniel Vincke et du joueur de duduk arménien Vardan Hovanissian, ouvrant la  voie au dialogue interculturel.

 

Pour les formateurs et les enseignants qui souhaitent travailler la thématique du choix et de la résistance avec leur groupe,  le site propose aussi des ressources pédagogiques sous la forme de 10 fiches d’animation.

 

Le projet “Méfiance ou résistance” est le fruit d’une collaboration entre quatre artistes de cultures différentes :

  • Bénédicte Monnoye, comédienne, écrivaine et formatrice belge.
  • Sibel Dinçer, comédienne et musicienne originaire d’Istanbul, en Turquie, installée à Bruxelles depuis vingt-cinq ans.
  • Daniel Vincke, musicien belgo-guyanais, auteur, compositeur, chanteur et multiinstrumentiste.
  • Vardan Hovanissian, musicien arménien, joueur de duduk, résidant en Belgique depuis de nombreuses années.

 

Méfiance ou résistance est produit par Maskara Company, avec le soutien du Centre Bruxellois d’Action Interculturelle. Le projet bénéficie d’un subside de la cellule Démocratie ou barbarie de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Les six témoins

Ali Haydar Bingöl est un Alevi de Turquie. Son grand-père Veli Bingöl lui a transmis son témoignage sur la déportation et le génocide des Arméniens en 1915. Ce dernier a résisté contre l’ordre du gouvernement jeune-turc, en cachant une famille arménienne.

Régina Sluzny raconte son histoire d’enfant juive cachée par un couple belge pendant la Seconde Guerre mondiale entre 1939-1945. Ses parents “adoptifs” ont fait le choix de risquer leur vie pour en sauver une autre.

 

Osman Nuri Dinçer raconte l’histoire de son frère, Ogüt Nuri, assassiné par son ami grec, à Chypre, en 1963, lors des conflits entre Chypriotes grecs et turcs.

Béatrice Mukamulindwa raconte la mise en place d’un système ségrégationniste, le génocide des Tutsis au Rwanda, en 1994 et la perte de ses enfants qu’elle cherche encore aujourd’hui.

Tarek Alsayed, un musicien syrien d’Alep, raconte l’histoire de sa vie en Syrie, coincé dans une guerre entre le régime syrien et l’armée libre jusqu’à son arrivée en Belgique.

 

Valéry Safarian raconte l’histoire de son grand-père, Grischa Safarian, d’origine arménienne, diplomate en Belgique. Il a fait le choix de vivre un chemin de résistance pendant la Seconde Guerre mondiale, sensible aux injustices vécues par sa propre famille assassinée au début du XXe siècle.