Parcours d’accueil pour primo-arrivants

Rapport annuel – 2022

Depuis 2021, le CRAcs focalise ses recherches sur la prise en compte de la perspective des personnes primo-arrivantes au cœur de ses réflexions et ses pratiques évaluatives. En 2021, le CRAcs a mené une enquête quantitative auprès des ancien·nes bénéficiaires du parcours d’accueil pour mesurer l’impact qu’avait eu celui-ci dans leur installation à Bruxelles. Cette année, le CRAcs a poursuivi encore un peu plus loin cette démarche, en menant une recherche basée sur des récits de vie de personnes ayant suivi ou étant en train de suivre le parcours d’accueil.


Du point de vue de ses objectifs, cette recherche est dans la continuité de la recherche menée précédemment, dans le sens où elle entend apporter une compréhension supplémentaire sur des résultats et des tendances que nous avions mis au jour l’année passée : pour quelles raisons les personnes primo-arrivantes sont-elles exclues du marché de l’emploi ? Pourquoi la situation de logement des personnes primo-arrivantes semble-t-elle particulièrement précaire ? Sur ces indicateurs et d’autres encore, nous avions identifié plusieurs déterminants, tels que le niveau de connaissance du français, le soutien de l’entourage, l’âge etc. mais comment ces déterminants agissent-ils concrètement sur l’installation des personnes primo-arrivantes ? Et comment le parcours d’accueil agit-il ? Pourquoi son effet est-il limité sur des indicateurs tels que le taux d’emploi et la situation de logement ? Autant de questions ouvertes par l’étude quantitative menée en 2021 et auxquelles une recherche qualitative, telle que nous la proposons dans ce rapport, est en mesure d’apporter des réponses.


L’objectif de cette recherche sera donc de dresser un tableau des premières années, voire des premiers mois qui suivent la régularisation. Quels sont les défis qui se posent aux personnes migrantes ? Quelles sont leurs réalités, leurs vécus ? Et comment le suivi du parcours intervient-il dans ce moment particulier de l’installation ?


Pour ce faire, nous faisons recours dans ce rapport à un cadre théorique qui combine une approche interactionniste et une approche intersectionnelle, en ayant recours à la notion de carrière d’installation.
La première partie du rapport est consacrée à l’analyse de ce qui se passe dans la vie des personnes primo-arrivantes avant leur régularisation. Pour les demandeur·euses d’asile, il y a un « accueil avant l’accueil » : c’est une période qui a une influence déterminante sur la suite de leur installation et qui interroge la pertinence du modèle bruxellois.


La deuxième partie est consacrée à la question du logement et des carrières résidentielles. Nous y décrivons la « méta-difficulté » que constitue le logement dans l’installation des personnes primo-arrivantes, les ressources qu’elles doivent mobiliser et les exclusions qu’elles rencontrent.


Dans la troisième partie, nous nous focalisons sur l’insertion socio-professionnelle dans l’installation des personnes primo-arrivantes : quels sont leur profils, quels étaient leurs projets ? Là encore, nous décrirons l’ensemble des difficultés qu’elles rencontrent, la façon dont des éléments systémiques se combinent avec des ressources individuelles pour produire les parcours socio-professionnels des personnes primo-arrivantes.
La quatrième partie porte un regard spécifique sur les carrières d’installation des femmes, et tente de répondre à une question complexe : quelle est l’influence des constructions et des rapports de genre dans les carrières d’installation des femmes migrantes ?


La cinquième partie du rapport étudie les interactions des personnes primo-arrivantes avec les institutions publiques. Cette partie est l’occasion de s’interroger sur l’importance de la connaissance des droits, l’importance des ressources sociales, mais aussi sur les expériences vécues de discrimination et les sentiments d’arbitraire.


A partir du concept d’inaccessibilité, la conclusion propose une réflexion finale sur la pertinence, les limitations et la cohérence externe du parcours d’accueil.