Autonomie, tensions et articulations entre militants “avec” et “sans-papiers”

Invité : Youri Lou Vertongen, docteur en science-politique, chargé de cours-invité, Université Saint-Louis Bruxelles (USL-B)

Discutant : Pierre Lannoy, Centre Metices, Université Libre de Bruxelles

 

Ces vingt-cinq dernières années, les collectifs de sans-papiers mobilisés en faveur de leur régularisation ont démontré une capacité à maîtriser les principaux outils de leur contestation. Cette maîtrise contribue à ce qu’ils se revendiquent comme des acteurs “autonomes” au sein du champ de la mobilisation. Pour autant, plusieurs ressources essentielles à leur mobilisation leur font également défaut et les contraint de dépendre du soutien (logistique notamment) d’acteurs de la société civile. S’en suit un paradoxe apparent : alors que les sans-papiers n’ont de cesse d’affirmer qu’ils sont autonomes, cette autonomie semble contredite dans les faits par leur besoin impérieux de s’appuyer sur les ressources matérielles de leurs soutiens pour mener leur mobilisation.


Cette contribution apporte un éclairage sur ce paradoxe apparent depuis l’analyse du collectif de la Coordination des sans-papiers de Belgique, un groupe composé uniquement de sans-papiers mobilisés en faveur de leur régularisation en Belgique entre 2014-2020. Elle étudie la manière dont ce collectif, appréhendé ici depuis une méthodologie ethnographique, s’est mobilisé dans une perspective autonome, mise en tension par le recours récurrent au soutien d’acteurs solidaires. Cette contribution se propose ainsi d’analyser la nature des relations que les sans-papiers entretiennent avec leurs soutiens à partir de cette tension et permet de poser des jalons afin de saisir cette notion d’autonomie telle qu’elle est mobilisée par les sans-papiers en lutte pour un titre de séjour.