Stalingrad, avec ou sans nous ?

Avant-première

Cinq habitant·es du quartier Stalingrad à Bruxelles filment les secousses du creusement d’un nouveau métro, projet démesuré et décrié. Son chantier monstre étouffe une rambla commerçante et chaleureuse devenue champ de labour à ciel ouvert. Assiste-t-on à la disparition d’un quartier phare, porte d’entrée de la ville depuis plus de 40 ans ? Que deviendra cette halte accueillante aux confins d’un centre de plus en plus standardisé et impersonnel ? Quelle ville sommes-nous en train de dessiner ?

 

UN DOCUMENTAIRE PARTICIPATIF DANS LES TRANCHÉES DE STALINGRAD

 

Si vos pas vous mènent aujourd’hui avenue de Stalingrad, vous trouverez sa rambla labourée du bulldozer des grands travaux d’infrastructure: on y construit en ce moment la station Toots Thielemans et ses tunnels dans le cadre du grand projet de la ligne de métro 3, porté par la STIB, voulu par la Région et soutenus à coup d’investissements publics pharaoniques par Beliris.

 

En plein hiver du commerce de cette annus horibilis, débute la disette pour ses commerçants privés de leurs clients, puis de leur terrasse, et même souvent de leur parole et qui défendent ce lieu de rencontre qu’ils habitent depuis 40 ans. On veut encore y travailler, on ne pourra plus y prospérer, ni offrir une halte aux confins d’un pentagone de plus en plus morne. Derrière les grilles de la prouesse ingénieuriale de Besix et consorts, un quartier figé. Son désespoir économique n’est plus fardé que de la pudeur de ces entrepreneurs dépités, dégoûtés.

 

Des questions naissent alors. De derrière la caméra mûrit un questionnement en images qui deviendront un film collectif. Pourquoi ce creusement à ciel ouvert dans la ville historique? Quelle considération des gouvernants pour la flore économique établie par les familles marocaines sur 2 à 3 générations?

 

Après celui du piétonnier, le chantier de Stalingrad renforce chez les habitants et commerçants croisés de la Gare du Midi jusque De Brouckère qu’un centre-ville “sans nous” est en train de se construire. Au bénéfice de qui ces grands espaces standardisés et ces pas de porte au prix croissant si ce n’est celui des touristes et des grandes enseignes? Pourquoi ne pas plus prendre en compte la culture et les usages des habitants de ces lieux?

 

Les réalisateurs-habitants des ATELIERS URBAINS, pilotés par le Centre Vidéo de Bruxelles, ont filmé l’avenue de Stalingrad malmenée par le percement de la future station de métro “Toots Thielemans”. On découvre les transformations de cette artère, au fil des rencontres et des témoignages des habitants et commerçants de ce quartier multiculturel située entre la Gare du Midi et la Place Rouppe.

LES ATELIERS URBAINS

 

Les Ateliers Urbains sont des ateliers collectifs au cours desquels les bruxellois prennent en main caméra et micro pour élaborer leur vision de Bruxelles sur des thématiques permanentes depuis la création des Ateliers en 2010 : mémoires et imaginaires de la ville, urbanisme et rapports de force, dualisation sociale et spatiale, espace public comme bien commun, ville comme épreuve individuelle et collective.

 

La vingtaine de films déjà réalisée pose les question de la place dans la ville, ou comment exister au coeur du métissage, des enjeux économiques, des exclusions, des discrinations, mais aussi des regroupements et des soulèvements. Mais aussi celle de la forme, comment dire ce qui est et traduire du ressenti avec des images.

 

Infos : cvb.be/fr/ateliers-urbains