Identités en jeux

50 jeux et animations

Le Centre Bruxellois d’Action Interculturelle propose une boîte pédagogique qui contient 50 outils d’animation pour aborder le thème des identités et des cultures dans une société multiculturelle. L’utilisation de cette boîte s’inscrit dans le cadre d’une formation destinée aux travailleurs·euses sociaux·ales pour que ceux·elles-ci apprennent à les utiliser avec leurs publics. La formation est importante pour être en mesure de s’approprier les outils proposés et pouvoir mener des animations dites « conscientisantes », efficaces, ludiques et variées, avec des publics différents (enfants, adolescent·e·s ou adultes) et dans des contextes différents  (petits groupes ou groupes plus conséquents).

 

Cette boîte pédagogique est une compilation d’outils issus de la réflexion et de l’expérience du CBAI, mais aussi d’autres associations travaillant sur des thématiques convergentes (Cf. les sources sur chaque fiche). Qu’elles soient remerciées ici pour la mise à disposition de leurs outils et leurs contributions.

 

Un photolangage accompagne la boîte. Si un jeu nécessite l’utilisation de ce photolangage, il en sera référé dans la partie « Matériel » de chaque fiche, qui renverra dès lors à des numéros inscrits au dos de chaque photo.

Introduction

 

Pourquoi aborder la question des IDENTITÉS et des ENJEUX INTERCULTURELS en animation et/ou en formation ?


Le Centre Bruxellois d’Action Interculturelle (CBAI), sollicité par de nombreux travailleurs·euses sociaux·ales désirant aborder ces sujets sensibles dans leurs groupes d’anima-tion ou de formation, propose une formation pour découvrir une cinquantaine d’outils, de jeux et d’exercices relatifs aux questions identitaires et culturelles. Pourquoi ?


Dans la société mondialisée, où tout circule, se mélange et se modifie à un rythme sans cesse accéléré, un sentiment d’in- certitude, d’insécurité, voire d’angoisse, semble s’être développé autour de la question de l’identité. La mondialisation de l’économie, l’introduction accélérée de nouvelles technologies et moyens de communication, les modes de production basés sur la vitesse, l’efficacité et la rationalité, l’urbanisation, la montée de l’individualisme et la perte de conscience de classe ont provoqué l’atomisation des relations sociales. Ces transformations ont des effets psychologiques, sociaux et politiques sur nos identités individuelles et collectives. Elles provoquent aussi de profonds changements culturels dans nos sociétés. Les différentes identités se sentent en effet relativisées, bousculées, menacées.


Décliner ses identités, ce n’est pas simplement revendiquer une appartenance nationale, ethnique, communautaire, c’est aussi affirmer une position dans la société. Cette position nous est donnée par notre âge (enfant, adolescent·e, adulte ou senior·e), notre classe sociale et notre statut (riche, pauvre, ouvrier·ère, employé·e, demandeur·euse d’emploi, d’asile, réfugié·e, dominé·e, dominant·e, majoritaire, minoritaire, etc.), notre nationalité, notre origine, notre religion, notre place dans la famille (époux, épouse, grand-parent, aîné·e ou cadet·te, etc.), une profession (travailleur·euse social·e, fonctionnaire, médecin, garagiste, étudiant·e, etc.), une identité sexuée (homme, femme, intersexe) ou genrée (masculin, féminin, non-binaire, trans, etc.), une scolarité (primaire, universitaire, enseignement général ou professionnel) et des engagements personnels (sportif, militant, hobby, associatif, etc.). A chacune de ces positions correspondent des rôles et des codes sociaux plus ou moins affirmés, valorisés ou dévalorisés.

 

Comment imaginer que l’on puisse exister socialement comme individu ou comme groupe, sans avoir à assumer une identité ou des identités ? A un moment donné, il est en effet impossible d’échapper à l’une ou l’autre des quatre questions fondamentales qui sont la matrice du concept d’identités : « Qui suis-je ? Qui sommes-nous ? Qui es-tu ? Qui êtes- vous ? » Ces questions sont inhérentes à l’expérience humaine” “d’exister, elles balisent l’espace social, culturel et politique de toute rencontre, de tout échange et de toute cohabitation. Mais… De quoi j’hérite ? Que puis-je changer ?

 

Cependant, aujourd’hui, nombreuses sont les critiques de l’utilisation du concept d’identité à outrance et du culturalisme. Elles dénoncent une pensée réifiante, fixiste ou essentialiste qui enfermerait dans des appartenances communautaires, religieuses, ethniques ou culturelles, les individus en devenir, les mentalités qui, de fait, se transforment, interagissent et évoluent.

 

Sur les identités


Nous évoquons l’identité au singulier, tout en sachant que même si il s’agit de la singularité d’un individu, le pluriel fait sens pour désarmer la tendance monologique et les mécanismes de réduction à l’unique : « Je » est toujours pluriel !


L’identité comporte deux versants : qui suis-je pour moi-même ? Qui suis-je pour les autres ? L’identité est une richesse, propre à chacun·e. Elle s’élabore selon plusieurs fonctions fascinantes mais contradictoires.


D’abord, au niveau temporel : elle nous donne la conscience de notre unité et de notre permanence. C’est ce qu’on appelle la fonction ontologique. Malgré le temps qui passe et les changements, je sais que je suis toujours moi-même. C’est en ce sens que mon identité est constante. Mais en même temps, elle est aussi dynamique. Elle s’adapte à l’environnement, elle dépend du contexte, s’en accommode. C’est là son caractère changeant. Par exemple : un jeune qui tag son blase pour montrer qu’il existe, un·e étudiant·e fait son baptême, une femme devient mère, etc.


Ensuite, au niveau spatial : l’identité dessine la frontière entre moi et les autres. Elle me distingue d’autrui, elle me fait sentir que je suis une personne unique. Mais dans le même temps, elle désigne ce que j’ai de semblable avec d’autres et me fait appartenir à un groupe (de façons consciente ou pas, concrète ou abstraite). Mon identité est une mais comporte plusieurs facettes, ce sont les multiples appartenances. Par exemple : je ne décline pas la même identité devant mon directeur, ma voisine, ma mère ou mes ami·e·s.


La psychologie définit l’identité comme une structure cognitive, évaluative et affective de la représentation de soi (Dictionnaire de psychologie de Doron et Parot, Paris, 1992).

 

Cognitive signifie que mon identité repose sur des informations que je récolte sur moi-même au fil du temps et que je stocke dans ma mémoire. La mémoire joue un rôle très important dans la création de l’identité. Elle me permet de savoir que je suis à l’origine de mes actes depuis ma naissance et que je reste moi-même malgré les changements. Un·e amnésique ne sait plus qui il·elle est car il·elle a oublié tout ou une partie du cours de sa vie. Sur le plan collectif, les sociétés ont besoin d’entretenir la mémoire de leur histoire pour conserver la conscience de leur identité.


Évaluative signifie que je porte un jugement, une appréciation plus ou moins positive sur ce que je suis. Cette évalua- tion se construit en fonction du regard que mes parents, ma famille, mes ami·e·s, mes collègues, les médias et puis la société en général, portent sur moi depuis ma naissance. Amour de soi, estime de soi, confiance en soi, tout cela dépend de la façon dont autrui considère mon identité. Si ce regard est négatif, il peut engendrer un profond mal être, voire une haine de soi, mais aussi de l’agressivité verbale et physique. Imaginons une personne corpulente. Face à elle, la société martèle sans arrêt qu’il faut maigrir pour atteindre un idéal de beauté ou une santé plus saine. Cela conduira la personne à une évaluation négative d’elle-même.


Affective signifie que l’identité me rattache à un ou des groupes d’appartenance par des liens affectifs de reconnaissance. Par exemple : lorsqu’une personne éprouve une émotion forte en retournant sur les terres de son pays natal et ressent un lien fort avec ses origines. Même si l’identité est une construction psychologique et sociale, elle ne peut pas s’inventer de toute pièce. Notre identité s’appuie sur des éléments matériels objectivables et vérifiables tels que notre apparence physique, notre réalité biologique (âge, sexe, nationalité, lieu de naissance, groupe sanguin, couleur de peau, etc.), et nos actions réelles mais aussi sur des éléments subjectifs comme les jugements, les préjugés, les ressentis émotionnels. C’est l’identité assignée.


Pour vivre en société, mon identité doit être reconnue par les groupes que je fréquente. Elle est donc le fruit d’une négociation entre deux subjectivités: celle que je revendique (identité revendiquée) et celle que l’on m’adjoint (identité attribuée). Par exemple, la surprise de jeunes de 20 ans lorsqu’ils·elles voient une personne de 70 ans à un concert de techno. Ils associent un comportement particulier en fonction de l’âge.


La crise identitaire survient quand il n’y a pas d’harmonie entre les trois identités : assignée, revendiquée et attribuée. Cette situation est fréquente dans la vie d’une personne car il se passe des moments de changements (comme l’adolescence, les mariages et les divorces, les naissances et les décès, les accidents de vie, etc.) où l’on doit réajuster les subjectivités.


L’adolescent·e se sent presque un·e adulte (identité revendiquée) et ses parents le·a voient encore comme un·e enfant (identité attribuée). Mais cette crise peut devenir chronique pour certaines personnes quand l’accord avec le regard d’autrui ne peut jamais se faire. Par exemple, les jeunes issu·e·s de l’immigration sont né·es ici, Belges du point de vue de la carte d’identité, mais toujours perçu·es comme étranger·ères à cause de leur nom de famille, de leur apparence physique ou de leur religion (identité attribuée). Ils·elles ne peuvent pas être en accord avec l’image qui leur est renvoyée car elle ne correspond pas à ce qu’ils·elles ressentent. Ce sera encore plus difficile si cette identité attribuée par autrui est porteuse d’un jugement négatif, de stéréotypes et de préjugés, ou de ressentis émotionnels.


C’est ce qui fait dire à l’écrivain libanais Amin Maalouf que les identités peuvent être meurtrières car elles sont dé- pendantes du jugement de l’autre qui peut les stigmatiser. « C’est notre regard qui enferme souvent les autres dans leurs plus étroites appartenances, et c’est notre regard aus- si qui peut les libérer » (Les identités meurtrières, Amin Maalouf, 1998).


Notre tension identitaire interne peut aussi venir d’une difficulté de cohérence entre nos multiples appartenances. Chaque groupe auquel j’appartiens véhicule des normes, des valeurs et des croyances spécifiques. Quand elles sont opposées, je me sens tiraillé·e. Surtout si les autres ou notre propre groupe d’appartenance nous forcent à « choisir ». Cela conduit à une sorte d’amputation identitaire, qui peut causer une grande souffrance. Ce sont ces thématiques qui sont traitées par les 50 animations proposées dans cette boîte.

Table des matières

 

1 | Intersectionnalité
2 | Racismes
3 | Genres et orientations sexuelles
4 | Tableau synoptique des religions

Fiche n° 1 | Comment je veux être salué par l’autre
Fiche n° 2 | Le jeu des prénoms
Fiche n° 3 | La ronde des noms
Fiche n° 4 | Dis un nom, je touche
Fiche n° 5 | Les dominos
Fiche n° 6 | Ma carte d’identité
Fiche n° 7 | La carte n’est pas le territoire
Fiche n° 8 | Mon patrimoine génétique
Fiche n° 9 | Mon arbre généalogique
Fiche n° 10 | Autoportrait culturel
Fiche n° 11 | Le jeu des six questions
Fiche n° 12 | Les groupes d’appartenance
Fiche n° 13 | La molécule vivante
Fiche n° 14 | L’arbre de mes appartenances
Fiche n° 15 | Le jeu des 8 panneaux
Fiche n° 16 | Face à face avec mon identité
Fiche n° 17 | Les canons de beauté
Fiche n° 18 | Les origines de la beauté
Fiche n° 19 | Gender race
Fiche n° 20 | Plutôt ou totalement lui-elle ?
Fiche n° 21 | Qui fait quoi à la maison ?
Fiche n° 22 | Quel partenaire idéal ?
Fiche n° 23 | Reconnaître les différences
Fiche n° 24 | Définitions des orientations sexuelles
Fiche n° 25 | Mes zones de tolérances
Fiche n° 26 | Café des croyances
Fiche n° 27 | Les quatre coins
Fiche n° 28 | Cercle de l’identité et de l’estime de soi
Fiche n° 29 | Je veux, je suis, je peux
Fiche n° 30 | Je suis fier
Fiche n° 31 |Les plus belles choses que j’ai
Fiche n° 32 | Le jeu de l’espion
Fiche n° 33 | Les composantes de la culture
Fiche n° 34 | Les habitudes de chacun
Fiche n° 35 | Quand j’étais petit
Fiche n° 36 | L’album photo
Fiche n° 37 | L’assiette
Fiche n° 38 | Moi aussi
Fiche n° 39 | Je cherche quelqu’un qui aime
Fiche n° 40 | On the train
Fiche n° 41 | 60 secondes = 1 minute, non ?
Fiche n° 42 | La proxémie
Fiche n° 43 | Quelle est votre position ?
Fiche n° 44 | L’arbre de la culture
Fiche n° 45 | L’oignon
Fiche n° 46 |Pouvez-vous échanger vos valeurs ?
Fiche n° 47 | L’arbre des valeurs
Fiche n° 48 | Approche interculturelle
Fiche n° 49 | Bientôt d’un autre âge
Fiche n° 50 | Croyances