Des stéréotypes aux racismes

50 jeux et animations

Le Centre Bruxellois d’Action Interculturelle propose une boîte pédagogique qui contient 50 outils d’animation pour aborder les thèmes des stéréotypes et des préjugés dans une société multiculturelle. L’utilisation de cette boîte s’inscrit dans le cadre d’une formation destinée aux travailleurs·euses sociaux·ales pour que ceux·elles-ci apprennent à les utiliser avec leurs publics. La formation est importante pour être en mesure de s’approprier les outils proposés et pouvoir mener des animations dites « conscientisantes », efficaces, ludiques et variées, avec des publics différents (enfants, adolescent·e·s ou adultes) et dans des contextes différents  (petits groupes ou groupes plus conséquents).

 

Cette boîte pédagogique est une compilation d’outils issus de la réflexion et de l’expérience du CBAI, mais aussi d’autres associations travaillant sur des thématiques convergentes (Cf. les sources sur chaque fiche). Qu’elles soient remerciées ici pour la mise à disposition de leurs outils et leurs contributions.

 

Un photolangage accompagne la boîte. Si un jeu nécessite l’utilisation de ce photolangage, il en sera référé dans la partie « Matériel » de chaque fiche, qui renverra dès lors à des numéros inscrits au dos de chaque photo.

Introduction

 

Pourquoi aborder la question des STÉRÉOTYPES et des PRÉJUGÉS ou des RACISMES en animation et/ou en formation ?


Le Centre Bruxellois d’Action Interculturelle (CBAI), sollicité par de nombreux travailleurs.euses sociaux.ales désirant aborder ces sujets sensibles dans leurs groupes d’animation ou de formation, propose une formation pour découvrir une cinquantaine d’outils, de jeux et d’exercices relatifs aux stéréotypes, aux préjugés, aux discriminations et aux racismes spécifiques. Pourquoi ?


Le racisme est une idéologie qui a évolué depuis qu’elle a été inventée au 19ème siècle pour justifier l’esclavagisme et la colonisation. Elle continue son rôle de division entre « nous » et « eux·elles », pour justifier les exploitations, les oppressions et les dominations d’un groupe sur un autre (aujourd’hui, nous parlons aussi des racismes spécifiques). Déconstruire « la mécanique du racisme » reste donc plus que jamais d’actualité, afin de pouvoir répondre aux enjeux actuels. Cette mécanique est en soi assez simple :


Les stéréotypes font partie de notre fonctionnement cognitif. Notre cerveau a besoin de trier et de classer pour comprendre le monde qui l’entoure. Parfois, ce classement peut se faire de façon plus ou moins hâtive. Dans ce cas, ce sont des représentations simplifiées des groupes sociaux et des cultures, des généralisations tirées des apparences qui se forment dans notre conscience.


Ces généralisations se développent progressivement en croyances qui se transmettent, à travers l’éducation familiale, les ami·e·s, l’enseignement, le cinéma et les médias, à la génération suivante. Par exemple, penser que tous·tes les Anglais·es boivent du thé.


Les préjugés ajoutent une notion de jugement de valeur à ces stéréotypes et induisent un regard souvent négatif sur l’autre. Par exemple : les Anglais·es cuisinent mal.
On parle alors de « stigmatisation » quand ce jugement marque un groupe de manière indélébile sans lui donner la possibilité de contredire le préjugé. Le mot « stigmate » signifie d’ailleurs : marque, cicatrice.


Ce regard négatif peut entraîner un comportement discriminatoire. Par exemple : je n’embauche pas un·e Anglais·e dans mon restaurant car je pense que tous·tes les Anglais·es cuisinent mal.


Ces préjugés, parfois tenaces, ont une fonction sociale : ils soudent son propre groupe en en dévalorisant un autre. Cette dévalorisation peut aboutir à une véritable théorie qui estime que la catégorie sociale discriminée est inférieure à une autre. C’est ainsi que s’établit le racisme, le sexisme et le mépris de classe, par exemple.

 

A ceux·elles qui disent qu’il n’y a pas de fumée sans feu, il faut rappeler que la plupart des préjugés naissent de rumeurs et ne s’appuient que sur des généralisations. Les préjugés sont intégrés inconsciemment et sont alimentés par les informations non verbales (les images et les situations). La discrimination ne fait que les renforcer. La preuve que les Anglais·es cuisinent mal c’est qu’on ne voit jamais des restaurants français les embaucher.

 

Pourquoi existent-ils et sont-ils si difficile à combattre ? Parce que notre société est inégalitaire et qu’elle valorise la rentabilité, la compétition et l’efficacité. Cette stratification sociale inégalitaire favorise, valorise et juge toujours positivement son propre groupe. Le racisme profite de cette compétition et l’utilise, créant des conflits, en surévaluant les différences culturelles ou économiques entre les groupes sociaux. Ces enjeux favorisent alors la comparai- son sociale (on a besoin de se valoriser afin de renforcer son estime de soi, en discréditant d’autres groupes).


Il faut donc non seulement déconstruire les préjugés, en prenant conscience que nous en avons tous·tes et en met- tant les personnes face à des situations qui contredisent leurs croyances pour les amener à les relativiser. Une autre façon de lutter contre les préjugés est de développer l’empathie pour l’autre en se mettant dans sa situation. Néanmoins, la meilleure façon de les réduire est de partager plus équitablement les ressources matérielles, économiques, culturelles et symboliques.


Les sciences psycho-sociales ont formulé quatre hypothèses pour les diminuer :

 

  1. Favoriser les contacts intergroupes (et pas uniquement interindividuels). Mais ces contacts ne suffisent pas : il s’agit de valoriser les situations d’interdépendance (avoir un même but ou objectif) ; il faut que les attributs des autres aillent à l’encontre du stéréotype ; faire amplement (et pas superficiellement) connaissance en considérant l’autre comme un individu et non comme un membre de son groupe ; les groupes doivent avoir des statuts et des pouvoirs égaux ; et enfin, il s’agirait que ces contacts soient officiellement appuyés par les autorités (administratives ou politiques).
  2. Avoir des buts/ennemis/menaces communs car la coopération ne suffit pas ; réussir l’activité, l’action ou le projet (sinon il y aura des reproches contre ceux·elles considéré·e·s comme responsables de l’échec).
  3. Développer une approche sociocognitive (c’est-à-dire apprendre à traiter différemment les informations : décatégoriser (en découvrant l’individu), différencier (chercher les complémentarités, les apports différents de chacun·e) et recatégoriser (chercher ce qui est commun – intérêt, besoin – à tout le groupe.
  4. Utiliser les émotions pour construire de l’empathie pour les autres.

 

Les races humaines n’existent plus depuis que les généticien·ne·s ont démontré qu’il n’en existait qu’une seule. En séquençant pour la première fois le génome humain, en juin 2000, un chercheur américain, a mis un point final au concept de race, qui a perdu tout fondement scientifique. La recherche génétique a établi deux faits indéniables. Le premier : tous les humains sont très proches. Et le second : tous les humains actuels sont, au sens propre, des Africains. Notre espèce, Homo sapiens sapiens, est apparue en Afrique. On ne sait pas précisément où ni quand, mais les fossiles les plus récemment découverts au Maroc, suggèrent que les traits anatomiques des humains modernes ont émergé il y a 300 000 ans. La race est une construction sociale et non une caractéristique biologique !


Pourquoi tant de personnes continuent-elles de croire le contraire ?


Ce sont ces thématiques qui sont traitées par les 50 animations proposées dans cette boîte.

Table des matières

 

1 | Intersectionnalité
2 | Racismes
3 | Genres et orientations sexuelles
4 | Tableau synoptique des religions

Fiche n° 1 | Des photos pour explorer les stéréotypes
Fiche n° 2 | Les stéréotypes des la présentation
Fiche n° 3 | Cultionary
Fiche n° 4 | Les citrons
Fiche n° 5 | C’était pour rire
Fiche N° 6 | La montre S
Fiche N° 7 | Les stéréotype nationaux
Fiche n° 8 | De qui s’agit-t-il ?
Fiche N° 9 | Le préjugé
Fiche n° 10 | Le baromètre des préjugés
Fiche n°11 | Le jeu des préjugés
Fiche n° 12 | Préjugés préfabriqués
Fiche n° 13 | Déconstruire les préjugés sur les religions
Fiche N° 14 | Le mur des préjugés
Fiche n° 15 | Les quatre cadrans
Fiche N° 16 | Babelgium
Fiche N° 17 | L’Orient-Express
Fiche N° 18 | Janaina & Ali
Fiche N° 20 | Avec qui préférerais-tu habiter ?
Fiche n° 21 | Un pas en avant
Fiche n° 22 | La couleur de la peau
Fiche n° 23 | Déconstruire la notion de race
Fiche n° 24 | Proverbes, citations et définitions du racisme
Fiche n° 25 | Bouge, arrête-toi, justifie-toi

Fiche n° 26 | J’agis contre le racisme
Fiche n° 27 | Les deux pyramides
Fiche n° 28 | Le courage d’agir
Fiche n° 29 | C’est juste une blague
Fiche n° 30 | Le bouc émissaire
Fiche n° 31 | La boulette de papier
Fiche n° 32 | La leçon de discrimination
Fiche n° 33 | C’est pas juste
Fiche n° 34 | Le jeu du labyrinthe
Fiche n° 35 | L’exception
Fiche n° 36 | La discrimination, c’est mal !
Fiche n° 37 | Un excellent dossier, et pourtant !
Fiche n° 38 | Les 19 critères de discrimination
Fiche n° 39 | Le jeu des cercles
Fiche n° 40 | Changer l’issue
Fiche n° 41 | Le mur des insultes
Fiche n° 42 | Que faire ?
Fiche n° 43 | A la découverte de l’islamophobie
Fiche n° 44 | Course-relais contre l’islamophobie
Fiche n° 45 | La pub négrophobe
Fiche n° 46 | Les oubliés de l’histoire
Fiche n° 47 | Associations d’idées
Fiche n° 48 | La déportations des Juifs
Fiche n° 49 | Les stéréo-juifs
Fiche n° 50 | Les préjuroms