#370 - janvier/fevrier 2024

Droits dans le mur

D’une affiche à l’autre défile le temps, défilent les luttes.

 

L’historique Opération Matelas dans le quartier populaire des Marolles, qui tenta de résister à une vague d’expulsions sans plan de relogement, remonte déjà à 1989. Cet été-là, des habitants et habitantes ont dormi dans la rue et scandé des slogans combatifs: “Spéculateurs, passez votre chemin”, ou encore “Bruxelles n’est pas à vendre. Brussel is niet te koop” que brandit le militant fier comme sa moustache sur la photo ci-contre. Les décennies passent ; les mêmes causes s’amplifient, produisant les mêmes effets. Et donc, le combat continue. Et donc, mars 2024 secouera les indifférences avec L’Immense festival (cf. p. 42), puis la manifestation organisée à l’occasion de la Housing Action Day (cf. l’affiche jaune p. 7).

 

Il est vain de chercher des réponses individuelles à un problème structurel ; il est aussi épuisant de répéter en boucle le constat étudié par tant de chercheuses et chercheurs et, surtout, encaissé par les “oubliés du logement”… Aujourd’hui, même la très libérale OCDE le dit. La Région de Bruxelles-Capitale est confrontée à une double “crise aiguë”: une offre insuffisante de logements abordables (quand 60 % des Bruxellois sont locataires) et de logements sociaux (avec 8,8 % des ménages en liste d’attente).

 

Le droit à un logement décent est inscrit dans la Constitution – ça fait joli. A force de pédagogie, d’articles, de manifs, de plaidoyers, nous ferons peut-être bouger les lignes sur cette urgence politique. Ça ferait tellement plus joli.

SOMMAIRE

Voix plurielles

Hélène Delaporte

Pour une philosophie de l’habitat
Annemarie TREKKER

Le logement répond à deux besoins de base : la protection de sa vie privée et la nécessité d’une représentation sociale de sa place dans la société.

 

Ma voisine n’a ni fenêtre ni basilic

Hala EL MOUSSAWI

Plaidoyer pour recentrer la question du logement sur les expériences personnelles, et mettre en lumière des vécus variés subjectifs.

 

L’optique des propriétaires rentiers

Entretien avec Hugo PERILLEUX

Comment les propriétaires rentiers structurent-ils le marché locatif résidentiel à Bruxelles ?

 

Lutter contre les loyers abusifs

Nathalie Caprioli

Bien sûr qu’il faut payer son loyer ! A condition toutefois que le logement soit correct et le loyer raisonnable.

 

L’optique des locataires sociaux

Entretien avec Sarah DE LAET

Dans notre société inégalitaire en matière de logements accessibles, il existe des mécanismes de rééquilibrage, parmi lesquels le logement social.

 

L’optique des personnes primo-arrivantes

Simon DEBERSAQUES et Noé GRENIER

Comme beaucoup de Bruxellois, les personnes primo-arrivantes subissent la crise du logement abordable.

 

Le nom que je porte est-il un obstacle ?

Billie MARTINIELLO

Une personne ayant un nom à consonance non belge doit faire 5 demandes, alors que pour celle portant un nom belge, une demande suffit pour avoir autant de chances d’être invitée à visiter un bien.

 

L’optique des locataires expulsés

Entretien avec Pernelle GODART

L’expulsion n’est pas une fatalité. C’est une question sociale : des humains ont décidé de retirer le logement à d’autres humains, avec l’aval du système législatif, judiciaire, policier.

 

Jean-Charles et Agnès ont disparu

Massimo BORTOLINI

Bientôt deux ans que la maison du coin est inoccupée. Inoccupée comme le sont des dizaines d’autres maisons dans la Cité-jardin de la Roue à Anderlecht…

 

Le sans-chez-soirisme n’est pas une fatalité

Laurent d’URSEL

Il ne faut pas se demander pourquoi il y a de plus en plus de personnes en non-logement ou en mal-logement en Région de Bruxelles-Capitale, mais pourquoi il y en a encore.

Les VIP du MEDEX

Maninelkaos et Nathalie Caprioli

Le Medex ou Musée éphémère de l’exil a déposé ses valises en plein cœur de Matonge, dans un ancien carwash… pour mieux nettoyer les préjugés et polir les arguments pour une justice migratoire !

Bienvenue

Texte de Sophie Pirson. Photo de Massimo Bortolini