#334 - janvier 2017

Des primo arrivants racontent l’accueil

“Je n’ai pas choisi la destination, j’ai juste fui en camion.”
“Le propriétaire demande la nationalité. C’est la nationalité qui va payer la maison?”
“Le théâtre nous aide à parler français. Je suis très fière d’être moi, de parler devant les autres.”

Les groupes sociaux ne disposent pas d’un égal accès à l’espace public politique et médiatique. Certains d’entre eux sont non seulement en capacité d’y avoir une place et de s’y faire entendre mais aussi d’imposer leurs représentations du monde et les mots pour les dire. D’autres, par contre, peinent à y être reconnus et s’ils y sont évoqués c’est rarement dans leurs propres mots. Ils y sont plus parlés que parlants. Les primo arrivants font partie de ces groupes silencieux.

 

L’Agenda interculturel leur ouvre ses pages et les écoute parler de leur parcours d’accueil en Belgique et plus largement de leurs trajectoires de vie. Leurs paroles racontent leur arrivée en Belgique et les raisons qui les y ont conduits. Elles évoquent la force des réseaux communautaires qui les aident à s’y retrouver et à prendre, progressivement, appui en Belgique, leur apprentissage tâtonnant de la complexité du ou plutôt des systèmes institutionnels d’accueil en Belgique, les rencontres qui comptent, avec un.e assistant.e social.e ou avec une association, les incompréhensions ou encore les souffrances causées par le déracinement. Ces paroles racontent des histoires toutes singulières, une trajectoire n’est jamais l’autre, mais qui sont toutes prises dans une histoire collective laquelle souvent dépasse les primo arrivants parce qu’elle compte finalement peu sur eux pour se faire. C’est par exemple l’histoire des enjeux géopolitiques internationaux ou encore celle de l’(in)capacité des sociétés d’accueil à donner place aux groupes minoritaires.

 

Raconter les paroles des primo arrivants, c’est aussi participer, même modestement, à leur reconnaissance dans l’espace public de la société belge et plus particulièrement bruxelloise et à leur réappropriation par ceux-là mêmes qui les énoncent.

 

Plus que jamais, en 2017, il nous faut “ajouter des étoiles au ciel” (Erasme, Les Adages, 1500). 

SOMMAIRE

Des primo arrivants racontent l’accueil

Christine Schaut

Un pays, 3 Régions, 3 Communautés et 3 parcours en 4 versions

Jonathan Unger

 

Solitudes dans la ville 

Témoignages de primo arrivants recueillis par Alice Grippa

 

Questions et débats sur l’obligation

Barbara Herman

 

Extraordinaire cabinet de curiosités d’une classe d’accueil

Vanessa Vindreau

 

Les maladies de jeunesse des BAPA

Nathalie Caprioli

Le regroupement familial, un droit en tension

Carla Mascia

Clash des civilisations au finish
Harmony Week