Conspirations brûlantes

Une table ronde avec Joachim Ben Yakoub, Latifa Elmcabeni, Nadia Fadil et Code Rouge, accueillie par Ibrahim Khayar.

 

« Depuis 1991 jusqu’au jour où vous lirez cette lettre, la hogra que nous subissons est probablement devenue plus prononcée, plus prévisible aussi, suivant toujours les mêmes stratégies et des schémas similaires. Le mépris est le fil conducteur… Parfois, il nous empêche de respirer; alors on bouge, on se révolte. On n’a pas le choix. »

Conspirations brûlantes, De Bruxelles avec amour, Baobab van de Teranga et Joachim Ben Yakoub.

 

Dans Conspirations brûlantes, une lettre spéculative adressée aux lecteur·ice·s du futur-présent, Joachim Ben Yakoub et Baobab van de Teranga (ce dernier ne pouvant malheureusement pas se joindre à la conversation) dénouent le récit des émeutes qui ont marqué les rues du quartier Saint-Antoine à Forêt au printemps 1991. Trente ans plus tard, un groupe d’artistes s’est rassemblé pour revisiter la colère qui a attisé le quartier, et a réalisé l’exposition Feu2Forêt accompagnée d’une série d’événements accueillis par le collectif Artistory et Code Rouge.

 

Une lecture collective de cette lettre sera le point de départ d’une conversation ouverte pour rassembler, autour des braises de la révolte, penseur·euse·s et acteur·ice·s engagé·e·s à Bruxelles, et proposer de nouveaux imaginaires pour penser et acter notre rapport à la violence dans l’espace public urbain. Comme dans la formation d’une veillée, nous souhaitons convoquer un cercle de mémoire ; ainsi, nous effectuerons une boucle temporelle dans le tissu urbain pour y tisser un autre fil et s’extirper de l’ordre public étouffant. Le rassemblement vise à rompre avec les schémas de violence récurrente létale et à imaginer un espace public différent porté par d’autres collectivités.

 

Les intervenant·es

 

Ibrahim Khayar est médecin et poursuit une spécialisation en psychiatrie. Témoin actif dans différents mouvements militants, ses recherches portent sur l’actualité de l’œuvre du psychiatre et militant décolonial Frantz Fanon, et sur son utilisation dans les champs sociaux et cliniques bruxellois

 

Joachim H. Ben Yakoub est un écrivain/chercheur opérant à la frontière de différentes institutions et écoles d’art entre Tunis et Bruxelles.

 

Nadia Fadil est professeur associé au département d’anthropologie sociale et culturelle de la KU Leuven. Ses recherches portent sur l’islam en Europe (en prenant Bruxelles comme site ethnographique), qu’elle examine à la fois comme une tradition vivante et comme un objet de régulation. Elle s’appuie sur cette question empirique pour réfléchir à un vaste ensemble de questions théoriques telles que la subjectivité et le pouvoir, l’identité éthique, le corps, la postcolonialité, la gouvernementalité, la race et la laïcité. Elle est directrice de plusieurs projets de recherche sur les liens entre race, religion, migration et sécurité.

 

Latifa Elmcabeni a co-fondé le Collectif des Madrés en janvier 2018. Interpellées par le nombre de témoignages de jeunes subissant des violences policières à Saint-Gilles de la part de la brigade de proximité UNEUS  (Union pour un Environnement Urbain Sécurisé), elles décident de réunir des mamans du quartier et des travailleurs·euses en milieu jeunes. Ensemble elles se mobilisent et interpellent les élus locaux, la presse et leurs concitoyen·ne·s. Depuis, rejointes par une vingtaine de femmes de tous horizons, le travail du Collectif s’étend à toute la région de Bruxelles et participe à des réflexions et des actions à l’échelle européenne pour un monde plus juste et égalitaire.

 

Code Rouge est un rappeur et un cinéaste bruxellois. En 2008, il sort son premier album, ‘Pour la couleur de nos yeux’, juste après le meurtre de Joe Van Holsbeeck à la gare centrale. Depuis, des clips vidéo ont suivi, reliant Bruxelles au monde (en collaboration avec Emel Mathlouthi (Tunisie), Maya Safar (Syrie), Arona (Sénégal) Sonando En La Habana (Cuba)). Il développe également une pratique cinématographique et réalise plusieurs courts métrages tels que Le Jour qui vient et Les cris restent.