Musiques migrantes et engagement

Journée d’étude et d’échanges

 

Produites dans des contextes d’exil et de déracinement, imprégnées par les cultures de résistance et de contestation, les musiques migrantes sont de puissants vecteurs de mobilisation contre les inégalités, les discriminations, les exclusions et les oppressions. Le festival BRuMM propose d’explorer cette année les multiples formes d’engagement dans les expressions musicales liées aux migrations, récentes ou lointaines.

 

PROGRAMME

 

13:00 | Accueil

 

13:30 | Table ronde

L’engagement des artistes migrants : une approche plurielle

 

Historiquement, la notion d’engagement des artistes est souvent comprise en référence exclusive à la mobilisation politique des populations exilées soit vis-à-vis du pays d’origine, soit vis-à-vis du pays de résidence. Or, l’engagement peut aussi être social ou simplement artistique. Au plan social, les expressions musicales des personnes en exil peuvent permettre de tisser des liens entre les différentes populations présentes dans la société. Au plan artistique, les artistes en situation migratoire peuvent s’engager pour la reconnaissance sociale  de  leur contribution artistique au-delà de la catégorisation d’artiste immigré·e ou réfugié·e qui d’une certaine manière les marginalise. 

Pour questionner ces différentes dimensions de l’engagement en contexte migratoire et post-migratoire, cette première table ronde réunira Emilie Da Lage, sociologue (Université de Lille) qui s’est intéressée aux pratiques musicales des exilé·es dans le Nord de la France et Tammam Al Ramadan, musicien syrien réfugié en Belgique depuis 2015. 

Modérateur : Marco Martiniello, directeur du Centre d’Etudes de l’Ethnicité et des Migrations (CEDEM-ULg).

 

14:30 | Interlude

Tammam Al Ramadan ney

Ancien professeur de musique à Alep, Tammam Al Ramadan enseigne la flûte ney à Muziekpublique. Membre du projet Refugees for Refugees, devenu Refa en 2021, et initiateur du projet Jawa dédié à la musique syrienne, il a joué comme soliste dans de nombreux festivals musicaux à travers le monde.

 

15:00 | Table ronde

La pratique artistique féminine comme forme d’engagement en soi

 

Bien souvent, le fait d’être femme et musicienne émerge de la volonté de s’approprier une parole publique et une présence scéniques, considérées comme prérogatives masculines dans de nombreuses sociétés ; et cela avant même que le contenu artistique ou les paroles des chants ne soient détaillés. Dans cette table ronde réunissant la danseuse Nil Görkem, la chanteuse Laïla Amezian et l’une des instrumentistes du projet Sultanats B’net Chaabi, nous évoquerons les tabous, les obstacles et les victoires de ces femmes qui imposent leur art dans un milieu et des répertoires majoritairement masculins. 

Modératrice : Hélène Sechehaye, docteure en ethnomusicologie, enseignante à l’ULB et au Conservatoire de Bruxelles.

 

16:00 | Interlude

Nil Görkem danse, Aykut Dursen contrebasse, Robbe Kieckens percussions

Nil Görkem explore les formes traditionnelles de danses des différents régions d’Anatolie qu’elle réinterprète avec une approche personnelle. En 2013, elle initie le projet Thrace d’Exil qui porte sur scène la mémoire et la douleur de l’exil, mais aussi les multiples métissages des diverses populations issues de Turquie à travers leurs danses, leurs musiques et leurs poésies. Elle sera accompagnée par Aykut Dursen à la contrebasse et Robbe Kieckens aux percussions.

 

16:30 | Documentaire

The Way Back

Un film de Maxime Jennes et Dimitri Petrovic (Belgique • 66’ • 2019)

 

En 2015, le musicien Hussein Rassim a connu le voyage chaotique de milliers de migrants partis d’Irak. Il a reconstruit sa vie à Bruxelles. Avec sa compagne, la violoncelliste Juliette Lacroix, il décide de refaire le trajet de cette migration en sens inverse. Juliette est enceinte, le film devient un journal à destination de la petite fille qui va naître. A travers les étapes de ce road movie autobiographique, c’est toute la complexité de la migration en Europe qui se dévoile. Même si les situations sont souvent douloureuses, désespérées, absurdes, Hussein et Juliette réagissent avec humour et avec l’aide de la musique. Le documentaire est ainsi ponctué de magnifiques moments poétiques, quand le duo de musiciens, lui au oud, elle au violoncelle, se mettent à jouer. C’est alors l’espoir et l’optimisme qui éclairent les murailles de la forteresse européenne. 

 

17:45 | Discussions, invités surprises et clôture

 

BRuMM – Bruxelles Musiques Migrantes

 

Ville-Monde par excellence, avec plus de 180 nationalités différentes, Bruxelles est le lieu d’existence de répertoires musicaux très riches et d’une grande diversité. Depuis 2018, BRuMM, pour Bruxelles Musiques Migrantes, aujourd’hui coordonné par le Centre Bruxellois d’Action Interculturelle, contribue à la connaissance, à la transmission, à la valorisation et au développement des pratiques musicales nées dans le contexte des migrations, anciennes ou récentes, proches ou lointaines, afin de les inscrire pleinement dans le patrimoine bruxellois. Témoins de la dimension cosmopolite de nos villes, ces musiques migrantes, mutantes font éclore une nouvelle tradition urbaine. Comment évoluent-elles, se transforment-elles, se transmettent-elles, en particulier dans une ville-monde comme Bruxelles où se concentre un échantillon de toute l’humanité ? Pour y répondre, le festival conjugue performances artistiques, rencontres, animations scolaires, médiations culturelles et recherche-action où se complètent les dimensions académique, artistique et sociétale.

 

Après une édition 2020 interrompue dès la fin de la première journée par le confinement et une édition au format digital sous contrainte sanitaire en 2021, le festival BRuMM – Bruxelles Musiques Migrantes revient aux premières lueurs du printemps avec une programmation “live” sur les différentes scènes des centres culturels partenaires.

Et en échos aux grands bouleversements qui mettent au défi le monde culturel depuis 2 ans, BRuMM propose d’explorer cette année les multiples formes d’engagement dans les expressions musicales liées aux migrations, récentes ou lointaine.

 

BRuMM est un projet à l’initiative des centres culturels La Villa (Ganshoren), la Maison de la Création- Site NOH (Bruxelles-Nord), Le Senghor (Etterbeek), La Vénerie (Watermael-Boitsfort), coordonné par le Centre Bruxellois d’Action Interculturelle (CBAI), en partenariat avec PointCulture Bruxelles, le Laboratoire de Musicologie de l’ULB, le Centre d’Etudes de l’Ethnicité et des Migrations  (CEDEM-ULg) et Digital TransMédia.