Bienvenue

Dans le matin froid de la ville, le portique de la galerie s’ouvre enfin. L’homme qui dort dans l’encoignure déplie son corps, s’assied, se lève, rassemble ses affaires et s’éloigne de son minuscule abri. Il rejoint ceux qui guettent l’ouverture. C’est une poignée d’hommes qui s’avancent pour se poster devant la guérite enchâssée dans le dallage d’un couloir étroit. Il y a les fragiles du quartier, ceux qui secouent le froid du béton, ceux qui se cachent dans les fissures du monde, ceux qui finissent leur travail, ceux qui le commencent… Des jeunes et des vieux suspendus dans l’attente du bruit métallique des rouages du volet. Entre eux c’est le silence. Ils sont encore enveloppés de leur nuit et leurs regards disent la hâte de voir le rideau de fer se lever.

 

La soufflerie s’est mise en marche. La bouffée d’air chaud rougit les visages. Elle se fraie un chemin entre les membres raidis.

 

Les quelques hommes qui se tiennent à l’écart des impatiences gourmandes comptent la monnaie contenue dans leur paume.

 

Dans le réduit, on perçoit le bourdonnement de la machine à café, un bruit de vaisselle, le glissement d’un pas. A hauteur du carrelage, une main passe. Elle lève le volet jusqu’au Bienvenue de l’enseigne. L’odeur du café fait claquer les lèvres sèches.