#377 - mai/juin 2025
3 minutes, 3 questions à Gaspard Njock et Félicien de Heusch
#377 - mai/juin
Nostalgie en exil
Une machine à voyager dans le temps
Épatant : des chercheurs en neurosciences ont mis en évidence que le sentiment de nostalgie pouvait favoriser le bien-être psychologique, et même diminuer la perception de la douleur1.
Au gré des parcours et des souvenirs (quels qu’ils soient, vagues, précis, mythifiés, déformés), celles et ceux qui connaissent l’exil côtoient la nostalgie, de près ou de loin. Un parfum, un goût, un son, une lumière, un contact. La nostalgie convoque tous nos sens, les brouillent parfois, peut-être pour mieux y puiser des forces créatives. Cette émotion douce-amère aussi complexe que mystérieuse, chacune et chacun la définira à sa façon; elle dépend probablement, entre autres, du sentiment d’appartenance et de reconnaissance sociale ici, de la fréquence des retours à ses racines, au pays natal ou pays fatal.
Dans ces pages, point de neurosciences ni d’expériences. Mais moult témoignages qui toucheront nos zones sensibles et nous inviteront à fouler des champs symboliques, en suivant les traces du Festival BRuMM (Bruxelles Musiques Migrantes)2 qui, dans son édition 2025, osa ce thème : “Douleurs de l’exil et nostalgie dans les musiques migrantes”.
[1] Camille Gaubert, Comment la nostalgie peut diminuer la douleur, in Sciences et avenir, 28/02/2022. https://www.sciencesetavenir.fr/sante/cerveau-et-psy/comment-la-nostalgie-peut-diminuer-la-douleur_161680
[2] www.brummfestival.be
SOMMAIRE
La machine à voyager dans le temps, et même, dans l’espace, sans pouvoir bouger sinon pour fuir, et sans que le temps s’arrête, pas plus qu’on ne plie l’espace à son désir – ce que l’exilé sait mieux que personne.
Une chanson que ma mère m’a chantée à quelques reprises la faisait pleurer car elle ravivait la douleur de la vie au village sous le fascisme.
Du déracinement de l’esclavage chanté par les premiers Gnawa à l’expérience migratoire des Marocains en Belgique, la musique gnawa continue à porter les voix de l’exil.
Entretien avec Harun ÖZDEMIR
A 41 ans, Harun Özdemir ne compte plus le nombre de fois qu’il a vu Turistler. “J’ai grandi avec. Je crois que nous étions une des seules familles qui avait une copie du film, avec les deux réalisatrices.”
Entretien avec Hélène DELAPORTE
Tourné en 2006, “Chant d’un pays perdu” est à la croisée du road movie et du documentaire, réalisé par deux chercheurs en ethnomusicologie.
Les auteurs décrivent avec beaucoup d’humilité comment il peut leur arriver, dans leur situation professionnelle, de vaciller, de perdre pied, avec des adolescents MENA.
Félicien de HEUSCH
Rapatrier les défunts, c’est aussi s’assurer d’éviter le risque de la “mauvaise mort”, c’est-à-dire mourir loin des siens.
Dessins : Manu Scordia. Texte : Nathalie Caprioli
Au Moyen-Age, une forêt de chênes épais recouvrait ce territoire. D’où son nom (comme souvent il y a querelle sur l’étymologie, mais passons): Cuesmes, trait d’union entre Mons et le Borinage. Aujourd’hui, Cuesmes et son terril portent une double histoire ouvrière et de migration. Après les mineurs italiens des années 1950, ce sont des ouvriers turcs qui se sont installés, suivis par une communauté algérienne puis des familles d’origine subsaharienne. C’est dans cette diversité et mixité qu’est née l’association Le Coron début des années 1980, sur le site d’une ancienne école, juste derrière un terrain vague.
Jehanne BERGE & Johanna de TESSIERES
Direction le Rif pour remonter la trace de la tradition orale Izran, culture émancipatrice menacée de disparition.
Karolina Buchner
Des traces de pas dessinées à la craie traversent le bitume bruxellois.