#367 - mai/juin 2023

Autrement

Quoi de plus actuel et révélateur, voire symptomatique, que le chantier du Métro  3 à Bruxelles pour illustrer des dynamiques de participation citoyenne, dans leurs élans comme dans leurs revers ? Avenue de Stalingrad, dès les premiers coups de marteaux piqueurs en 2019, habitants et commerçants ont été impactés par ce chantier dont la commune et la STIB promettaient la fin et la plus-value pour 2024. On en est loin puisque le chantier est à l’arrêt. Autour de 3 tables rondes, nous avons invité 12 personnes à témoigner de leurs rapports avec les politiques chargés du dossier, et de leur engagement au sein de collectifs de citoyens ou de commerçants. Chevronnés dans divers domaines, ils tirent le bilan de leur expérience citoyenne éprouvante, tout en débordant d’idées pour inciter les politiques à jouer le jeu démocratique autrement.

 

En guise de préambule, nous entendons par table ronde un espace de parole où chacune et chacun se sent libre de s’exprimer à titre individuel ou au nom d’un collectif; se sent libre aussi de rebondir sur les propos des autres participants. La dynamique idéale aurait été de convier les 12 participants à une seule et même table ronde. Mais la bataille des agendas nous a contrariés. Aussi avons-nous dû orchestrer 3 rendez-vous les 22 mars, 5 et 21 avril 2023. Si la dynamique de groupe n’a pas eu lieu comme prévu, nous avons toutefois maintenu une cohérence d’ensemble grâce au même canevas de questions.

 

Nos invités ont discuté sur ces thèmes : leurs motivations à s’impliquer dans un collectif citoyen et les enjeux de leur participation ; leur façon de politiser leurs propos ; et enfin, face aux déceptions unanimes quant aux effets de leurs actions et propositions, leur vision d’une participation citoyenne idéale.

 

Sans les catégoriser, les participants présentent des profils divers. La majorité sont des habitants du quartier, nés là ou arrivés dans les 10 dernières années. Un seul d’entre eux n’y vit pas mais y travaille. Au total : 5 commerçants, 3 jeunes militants (entre 28 et 37 ans) et co-réalisateurs des documentaires “Stalingrad. Avec ou sans nous ?” et dernièrement “Métro 3: le chantier du siècle”, 3 résidents et 1 usager. Notons encore que les panels ont rassemblés 3 femmes et 9 hommes, et que tous sauf un sont engagés dans des collectifs citoyens ou commerçants, comme l’asbl Palais du Midi, le Comité d’action bruxellois ou le Comité Stalingrad.

 

Leurs motivations à s’impliquer

 

Stalingrad n’est pas un quartier-village: “Il faut l’apprivoiser”, dira un participant. En temps normal, chacun vit chez soi. Mais quand arrive le danger, on tente de faire bloc. “C’est une fois la menace devant soi qu’on s’est mobilisé !” Mais la mobilisation n’est pas la participation. Comment les habitants et commerçants sont-ils devenus parties prenantes au dossier Métro 3? Après quels déclics se sont-ils sentis concernés ? Tout a démarré par…

 

Chérine : L’étincelle a jailli quand, lors d’une séance d’information, j’ai assisté à un ping-pong entre le patron de la boulangerie Marrakech et le ministre de la Mobilité où ce dernier a fait preuve d’une violence symbolique. J’ai voulu, moi aussi, faire entendre ma voix. Nous sommes fiers de notre quartier, des entrepreneurs d’origine marocaine qui ont contribué à son attractivité commerciale. Cette reconnaissance n’est pas perçue par les politiques. Je n’ai pas participé à l’enquête publique, mais je me suis impliquée sous une autre forme à travers le film des Ateliers urbains du CVB. Sans ce collectif, je serais restée avec mes questions.

 

Félicien : Je me suis intéressé à l’urbanisme grâce aux documentaires Planète Terre. De fil en aiguille, j’ai dévié de l’écologie au social. J’ai commencé à travailler dans un projet d’économie circulaire de déchets dans le quartier Stalingrad avec l’association des commerçants STALEM, à l’époque où des ouvriers avaient déjà coupé les arbres de l’avenue et où on parlait un peu du chantier sans qu’il ne soit vraiment encore là… Je me suis impliqué dans le film pour dénoncer l’inégalité et la violence du projet de chantier.

 

Samira : En apprenant le projet de chantier, mes ainés qui tiennent des commerces de génération en génération étaient désespérés que leur parole ne soit pas considérée dans les panels à cause de leurs origines. Je voulais que cette souffrance soit connue de l’opinion publique et traduite dans un film. Je voulais aussi faire découvrir le vrai Stalingrad, qui est présenté de manière péjorative par des politiques comme une artère commerciale masculine, sans notion de l’histoire de l’immigration marocaine à Bruxelles. On nous renvoie toujours à nos origines. Mais on est né ici, on se sent avant tout Bruxellois. Je m’implique parce que je veux que les plus jeunes s’organisent en créant leurs comités d’habitants et de commerçants, en interagissant avec les voisins, sans que cela ne leur soit dicté dans l’urgence par des projets politiques qui les dépassent.

 

Brahim : En tant que commerçants, ce chantier nous a touchés de plein fouet, pour une station de métro dont on n’a pas besoin. Malgré une grosse opposition exprimée au sein des commissions de concertation, il y a eu passage en force pour faire ce chantier. En fait, ils veulent redorer l’image de Bruxelles pour les touristes au détriment des citoyens. Nous voulons faire entendre nos voix.

 

Liz : En 2020 la ville a lancé un appel pour créer un panel citoyen pour réfléchir sur le réaménagement de l’avenue de Stalingrad après les travaux. Ce panel est composé par des commerçants, des habitants et des gens qui travaillent dans des asbl ou des écoles dans le quartier. Vu que tout le monde n’a pu être retenu, on a fondé le Comité Stalingrad pour pouvoir suivre l’affaire, contribuer au processus participatif, et veiller à ce que les besoins des habitants soient pris en compte.

 

Un objectif qu’on n’a pas atteint puisque, sur le chantier, ils ont eu la permission de commencer les travaux exceptionnellement tous les jours à 6 h le matin. C’est un manque de respect envers les habitants. Bruit permanent, secousses et stress entrainent des effets graves sur la santé. En plein confinement, on n’a pu aller nulle part pour fuir les travaux.

 

Christian : Je suis né en l’Allemagne. Avec mon mari flamand, nous avons emménagé avenue de Stalingrad parce que nous aimons ce quartier vivant et que ses grands-parents avaient une boucherie aux Marolles, son papa y a grandi. Nous avons bien sûr essayé de comprendre ce qu’on achète ici. Mais à l’administration, personne ne nous a parlé du plan du Métro 3. Je me suis senti assez mal informé.

 

Face au projet, j’ai d’abord pensé qu’un bon plan pourrait améliorer l’avenue en un lieu plus accueillant, plus social et inclusif grâce à plus d’espace public, et avec moins de voitures, où la mobilité serait garantie grâce au métro et aux espaces réservés aux vélos. J’étais très intéressé à faire partie de cette discussion. Je n’ai pas été tiré au sort pour le panel officiel organisé par la commune. D’où ma participation au Comité Stalingrad.

 

Younes : Vu que les politiques ne nous écoutaient pas, j’ai longtemps boycotté les panels. Mais c’était une mauvaise idée parce que, de toute façon, ils avançaient sans nous. On n’était plus au courant de rien. Ils ne sont pas venus vers nous pour nous demander les raisons de notre boycott et nous inviter à négocier. Non, ils ont avancé d’autant plus vite qu’on n’était pas là. Jusqu’à ce qu’ils viennent devant chez nous avec les machines…

 

Alain : Ils ont endormi l’ensemble du quartier en disant que tout serait réglé en trois ou quatre ans. On s’est un peu laissés dire… mais rappelons que tout a démarré pendant le covid, ça n’a pas aidé à réagir devant les faits accomplis.

 

Diviser pour mieux creuser

 

Stalingrad compte une mosaïque de groupes d’appartenance qui ne se fréquentent pas nécessairement. Cette diversité s’est reflétée dans la participation citoyenne. En fin de compte, l’ensemble des collectifs n’ont pas réussi à ce jour à fondre leurs tendances et revendications en un seul mouvement.


Mustapha : La Régie foncière est propriétaire du Palais du Midi qui héberge 49 commerces. Elle a toujours été à notre écoute – rien à voir avec les politiques ! Par exemple, notre association Palais du Midi a pu négocier trois ans d’exonération de loyers – le temps officiellement prévu pour le chantier. Par contre, pour les commerçants qui louent à des privés, rien n’a été prévu. On ne négocie pas ensemble.

 

Christian : Lorsque j’ai défendu nos projets du Comité Stalingrad au sein de la commission de concertation, j’ai essayé de promouvoir précisément l’augmentation des espaces publics communs et des aires de jeux pour enfants, qui peuvent être utiles à tous dans l’avenue. J’ai été très heureux des propositions de Chérine et j’ai essayé de soutenir nos intérêts communs. J’ai trouvé dommage que d’autres aient en partie mis l’accent sur ce qui les séparait. Certains de nos membres ne voulaient pas se rendre à ce rendez-vous formel important parce qu’ils trouvaient menaçante la manière dont les autres communiquaient lors des discussions. Les opposants au plan Good Move ont utilisé un sharepic montrant une voiture qui semble foncer sur un cycliste. Lorsque j’ai abordé le sujet avec une voisine (qui a co-réalisé un film contre le métro) elle m’a dit que si je n’aimais pas ce qui se passait à Bruxelles, je pouvais rentrer « chez moi ». Je trouve dommage qu’une voisine me refuse le droit de participer ici sur un pied d’égalité.

 

Liz : Dès le début, il manquait une analyse transparente de la situation et des besoins des différents acteurs. La ville n’a pas fait d’effort pour marier les besoins de tous, se concentrer sur les points communs et lever les angoisses. L’ambiance s’est détériorée avec l’opposition entre deux groupes : les commerçants qui défendent la voiture contre les voisins qui veulent des arbres et des jeux pour les enfants. Il manque une vision de la part de la ville.

 

Gabor : Je suis un usager du quartier pris d’affection et de solidarité envers les habitants, en particulier les strates populaires et les minorités raciales, qui souffrent du chantier et de la gentrification dont la conséquence est de les évincer de la ville.

 

Liz : Je voudrais nuancer. Les différentes origines dans ce quartier ne sont pas forcément en lien avec la pauvreté. Rendre le quartier plus attractif est intéressant pour tous, qu’importe l’origine.


Félicien : Faire ville, c’est forcément conflictuel, avec des imaginaires qui ne vont pas toujours dans le même sens. Les habitants qui ont trois gosses veulent un parc et pas des cafés bruyants ouverts jusque 3 h du matin. Le débat s’est clivé autour de biais et de fantasmes qui se déclinent selon les intérêts et les appartenances de chacun.

 

Samira : Il n’y a jamais eu de front commun entre les collectifs. Nous, les commerçants, avons essayé de rallier des membres de la minorité flamande mais ils n’ont pas voulu s’intégrer à nous. Et quand j’ai essayé de m’intégrer à eux, ils n’ont pas voulu car ma vision de l’intérêt général ne leur plaisait pas. Ils se trompent car nous sommes amenés à vivre ensemble. Le politique a joué le jeu de valoriser nos imaginaires urbains comme s’ils étaient incompatibles entre eux. Habitants ou commerçants avons tenté de faire des consensus. Mais nous nous sommes retrouvés devant une porte fermée. Il n’est jamais trop tard…

 

Chérine : Dès le début, la commune et la STIB ont organisé une information sur le projet du métro en deux séances : une pour les commerçants, l’autre pour les habitants. Ça m’a dérangé. Ils ont créé d’emblée une première scission structurée entre habitants et commerçants. D’autres scissions ont émergé : entre commerçants propriétaires et ceux qui louent à la commune, du fait qu’ils ne reçoivent pas les mêmes compensations durant le chantier ; entre cyclistes et conducteurs. Alors qu’à la base, il s’agit d’un seul groupe impacté par le même problème.

 

Les dégâts de la politique du fait accompli

 

Les participants partagent le constat que les politiques les instrumentalisent en les invitant à une fausse participation, font la sourde oreille, imposent leur projet dans l’opacité la plus totale. Résultat: colère, désillusion, découragement. Et menace d’un vote sanction aux prochaines élections.

 

Liz : J’ai eu l’impression d’une pseudo participation citoyenne. Les politiques avaient en tête d’organiser un nombre limité de séances selon leur format préétabli. Ils ne s’attendaient pas à la création du Comité Stalingrad ni à recevoir nos propositions. Nous avons matérialisé notre vision dans le Sketchbook “Nos meilleures idées à parcourir”1 en novembre 2020. Malheureusement on ne retrouve pas grand-chose de nos suggestions dans les plans finaux. Depuis, des membres ont quitté le Comité Stalingrad, découragés.

 

Brahim : Lors du dernier panel par zoom – depuis le covid, ils ne veulent pas de confrontation en direct ; et ceux qui n’ont pas une connexion sont exclus – ils nous ont caché la problématique du Palais du Midi alors qu’ils sont au courant depuis un an. J’ai été choqué d’apprendre par la presse la suspension des travaux à cause des problèmes techniques.

 

Younes : Ces panels sont toujours animés par les mêmes fonctionnaires qui reçoivent des informations au compte-gouttes. Par exemple, ils nous annoncent seulement deux semaines à l’avance que les trottoirs seront réduits de moitié. Dans notre métier, notre journée est bien remplie et on n’a pas le temps de courir chercher les infos.

 

Mustapha : Avec ce chantier, on a l’impression qu’on ne vit plus en démocratie, que le politique impose sa propre idéologie préfabriquée, sans concertation ni avec les commerçants, ni avec les habitants qui se retrouvent devant le fait accompli. Aujourd’hui, on a le sentiment que tout ce quartier est pris en otage, et pas par n’importe qui : par les pouvoirs politique ! L’article 318 de la nouvelle loi communale autorise la commune, d’initiative ou à la demande des habitants, d’organiser une consultation populaire. Quand nous avons interpellé le conseil communal pour lui proposer d’organiser une consultation populaire, l’échevin nous a répondu qu’ils avaient déjà “concerté” et que tout le monde était favorable au plan. Une consultation populaire n’aurait pas permis d’être écouté, mais elle nous aurait donné un argument pour aller au Conseil d’Etat pour demander l’annulation d’un projet qui passe en force malgré une majorité consultée qui s’y oppose. C’est pour éviter de courir ce risque que les politiques n’ont pas concrétisé de consultation populaire.

 

Chérine : Les commissions délibératives, en principe, c’est un bon exemple de la participation sur le papier. Dans le sens où les citoyens tirés au sort garantissent une représentativité statistique de la société. A la fin du processus, ils font des recommandations après avoir rencontré des experts en la matière et débattu avec les politiques. Les citoyens tirés au sort n’ont pas nécessairement la culture de la participation. Ils représentent un “ventre mou” – et j’en fais partie – hyper instrumentalisable par le politique. Je me suis retrouvée à observer cette configuration où les politiques mènent la danse parce qu’ils connaissent techniquement mieux le dossier. Le vocabulaire d’ingénieur anesthésie le citoyen curieux du devenir de sa ville.

 

Mustapha : Je serais plus vindicatif. Le temps est venu de punir cette majorité. A l’approche des élections communales, s’ils ne font pas marche arrière avec le plan du métro, on pourra tout simplement couler la majorité par un vote sanction. Quand, en Flandre, les gens votent pour la NVA, ce n’est pas parce qu’ils adhèrent à son idéologie mais parce qu’ils en ont ras-le-bol : décider à la place de la population, ce n’est pas la démocratie.

 

Expertise et créativité

 

Redouane : On doit plus mobiliser et manifester. On devrait faire un rassemblement chaque semaine, pour marquer le coup. L’histoire idéale serait de vivre comme en Suisse qui pratique le référendum. En Suisse, les gens ne connaissent pas le nom des politiciens tellement le pays est démocratique. Ici, on finit par les connaitre tous tellement ils nous font du mal.

 

Alain : Il faut modifier la Constitution pour y inscrire le référendum. La consultation populaire prévue par l’article 318 de la loi communale est une façon de prétendre recueillir notre avis que les politiques pourront ensuite balayer pour favoriser leur choix. Tandis que si le référendum est inscrit dans la Constitution, les politiques seront obligés d’en respecter le résultat. Par ailleurs, nous avons décidé de faire une pétition pour demander le classement du Palais du Midi menacé par le chantier. 150 signatures nous permettront de faire cette demande.

 

Younes : Une réforme de la Constitution nous mène sur le long terme. Dans l’immédiat, nous pouvons appuyer sur deux leviers: les pétitions et les interpellations citoyennes. Pour cela, il faut former un groupe solide qui puisse avoir du poids sur les prochaines élections. A un moment donné, malheureusement ou heureusement, il va falloir s’investir en politique, dans un parti politique le plus”démocratique” en termes de gestion et de transparence. A plus long terme, il s’agirait de créer notre propre groupe.

 

Idéalement, face à un projet qui impacte tout un quartier, le défi est de faire agir la population et les acteurs du terrain au cœur de la vie des quartiers. Par exemple, au lieu de ramener des bureaux d’études d’Ostende, on choisit de travailler avec des experts bruxellois, ingénieurs, géologues, sociologues, assistants sociaux, éducateurs. Parce qu’on ne peut pas gérer un quartier ou une commune sans tenir compte de sa sociologie, de sa démographie et même de sa philosophie.

 

Chérine : La participation idéale, c’est d’organiser des joyeux bordels ! On s’installe au Palais du Midi, qui veut vient et parle. On fera en sorte que chacun ait le sentiment d’avoir dit ce qu’il avait à dire et qu’on ait reconnu son propos autant que celui de son voisin. L’objectif n’est pas de compiler les propos mais de faire émerger les avis, les convergences et divergences pour créer des outils de participation taillés sur mesure. Non seulement adaptés à la thématique, mais surtout aux réalités de terrain.

 

Félicien : Il faudrait que le processus de participation soit beaucoup plus transparent sur les effets : le politique doit systématiquement faire un retour. Les gens sont capables de comprendre qu’on n’a pas été dans leur sens pour peu qu’on leur explique les raisons. Mais tant qu’il n’y a pas de volonté politique honnête et réelle de faire de la participation, j’ai tendance à croire qu’il faut davantage organiser la participation en dehors des cadres institutionnels, via l’éducation permanente par exemple.

 

Samira : En plus de créer des maisons de quartier, nous voulons des comités de quartier regroupant habitants et commerçants qui s’exercent à la vraie participation en mélangeant le je, le nous, le politique et l’individuel. Pour en faire un lieu neutre et vivant.
Christian : J’ai travaillé sur le processus participatif futur de l’Europe. Je connais des exemples en Irlande et en France où l’on commence par une description de la situation avec toutes les informations de l’administration disponibles. La sélection des membres du panel aurait dû tenir compte d’une description de la diversité du quartier Stalingrad en termes de genre, de niveau de revenu, de génération, du mode de transport usité. Sur base de ces faits, on peut alors tirer au sort, tout en garantissant la diversité dans les panels. Dans le cas du Métro 3, j’ai eu l’impression qu’on n’a utilisé que les formulaires de candidature, ce qui exclut tous les gens qu’on aurait pu impliquer de manière plus proactive, par exemple en leur téléphonant ou via le porte-à-porte. Au Comité Stalingrad, nous avons imprimé des folders en quatre langues (français, néerlandais, anglais et arabe) avec ce message: “Nous voulons participer au processus, et entendre votre perspective comme voisin”. Nous avons distribué ce papier dans les boîtes aux lettres avenue de Stalingrad et alentours. Nous avons fait du porte-à-porte. Ce n’est pas facile et ça prend du temps… J’ai le sentiment que le processus officiel ne s’est jamais passé comme ça.

 

Pour en revenir au panel, l’enjeu est de former des petits groupes où l’on collecte les idées, les rêves, les préférences en cherchant les points communs. Et de petits groupes à plus grands groupes, on progresse avec ce souci de faire des connexions pour arriver à une perspective la plus intégrée et la plus inclusive.

 

Chérine : Je crois que nous devrions avoir l’humilité de nous dire que la participation idéale n’existe pas. Politiciens et citoyens doivent accepter qu’on va tester par essais et erreurs. C’est possible que ça foire, qu’on se le dise ! Bruxelles aura du mérite, si elle essaye. 

 

Propos de Samira, Chérine, Félicien, Brahim, Mustapha, Alain, Redouane, Younes, Liz, Christian, Jan et Gabor, recueillis par Nathalie Caprioli